Complexité et (in)évitabilité des accidents : des thèses qui diffèrent

DOSSIER
ORGANISATION DE LA PREVENTION || AT / MP - Pénibilité / 13/04/2014

Ces deux catastrophes ont montré les effets potentiellement délétères de la complexité, tant technique qu’organisationnelle, sur la sécurité. Elles ne sont malheureusement ni singulières, ni atypiques : la complexité est une cause profonde de bien d’autres accidents industriels.

En sommes-nous réduits, à l’instar de C. Perrow, à penser l’accident inévitable, d’autant plus que la complexité des systèmes sociotechniques s’accroissant, la probabilité de conséquences négatives inattendues s’accroit en parallèle ?
Nous répondons par la négative, car la seule complexité n’est pas suffisante pour aboutir à l’accident. En effet, d’autres causes profondes favorisent l’occurrence des accidents, elles se cumulent, voire se combinent et forment les ingrédients d’un cocktail indigeste voire explosif.

Si nous devons pointer un effet dangereux de la complexité, c’est sa construction sociale par la rationalisation excessive de l’organisation du travail. Le recours à une stratégie de contrôle favorisant la formalisation au détriment de l’ouverture aux dimensions informelles psychosociales de l’organisation qui a tendance à laisser dans l’ombre de nombreux enjeux critiques. Ainsi, l’empilement par couches successives des procédures et des contrôles bureaucratiques complexifie de fait une organisation par ailleurs optimisée aux limites par la recherche de performance.
Nous pourrions être alors en accord avec la thèse de C. Perrow mais pour des raisons différentes !

effet dangereux de la complexitéDe manière plus spécifique, la complexité et/ou ses effets pathogènes peuvent également être abordés par :

  • la lutte contre la fragmentation excessive des organisations ; réduire le nombre d’interfaces jusqu’à un optimum tout en simplifiant la nature des relations ; se méfier de la division du travail excessive, de l’hyperspécialisation par corps de métiers ;
  • le maintien d’un équilibre généralistes-spécialistes ; s’appuyer sur des piliers d’expérience ; réfléchir sur l’optimum quant à la rotation des personnels ;
  • l’allégement du prescriptif et la place substantielle laissée à l’analyse des aspects informels (écoute, prise en compte, débat)…

 

Dossier extrait de la revue Préventique n°128 mars/avril 2013 :
http://www.preventique.org/Preventique_Securite/analyse-des-risques-n%C2%B0128

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