Imaginer de nouvelles stratégies

DOSSIER
SECURITE DES LIEUX DE TRAVAIL || Sécurité des lieux / 13/02/2014

Si nous savons quelle est la menace, quel est le risque et où se trouvent nos vulnérabilités, comment allons-nous lutter et nous protéger ?
Les frontières sont encore trop souvent des protections efficaces pour les criminels et des obstacles majeurs pour les policiers et les magistrats. C’est dans ce contexte d’une criminalité mondialisée que le projet européen de création d’un espace commun de sécurité et de justice prend tout son sens. Les frontières n’arrêtant pas davantage ou plus facilement les nuages radioactifs ou les virus, la question est posée dans les mêmes termes s’agissant des risques.

Répondre à des menaces polymorphes

Les évolutions politiques, économiques, sociales ou culturelles ont fait apparaître de nouvelles fragilités, et donc de nouveaux risques, pour la société et les individus qui la composent. Les nouvelles formes de violences, le radicalisme politique ou religieux, l’usage des moyens de communication numérique comme vecteurs des extrémismes, y compris religieux, mais également des mouvements sectaires ou la cybercriminalité, forment un ensemble de nouvelles menaces polymorphes. Celles-ci sont davantage imprévisibles et insaisissables et nécessitent l’adaptation constante des réponses publiques. Les risques naturels, industriels et économiques ne le sont pas moins. Le nucléaire, le chimique, le sanitaire, le sismique, pour ne choisir que les plus médiatisés sont des risques qui peuvent s’ajouter, se combiner, et même se décliner avec le renfort des menaces déjà citées.

société et les individusLeur prise en compte oblige donc à réfléchir à la restructuration des architectures institutionnelles et administratives pour parvenir à des diagnostics plus complets permettant de préparer des réponses mieux adaptées aux besoins de liberté et de sécurité des citoyens dans un environnement mouvant et complexe. À cet égard, l’importante réforme qui a conduit à la création, dans notre pays, de la direction générale de la sécurité civile et de la gestion des crises témoigne de cette réflexion et de l’urgence à agir en recherchant toujours cette anticipation indispensable à la sécurité nationale.

Cette démarche invite également à approfondir la dimension sociétale. Le champ à couvrir ne doit pas exclure la dimension d’appropriation intime par les citoyens de la sécurité nationale. L’introduction d’un concept de « crise permanente » (en tous les cas durable) de nature à être assimilé à celui du « vivre avec » (le terrorisme, la criminalité organisée, le risque nucléaire, la crise financière…) peut permettre d’assimiler le caractère pérenne de phénomènes déstabilisants, qu’ils soient intentionnels ou naturels.
Ce concept ne signifie pas acceptation, voire soumission à une situation et abandon devant l’adversité. Tout au contraire, il doit permettre de répondre à un environnement incertain, à des situations instables et évolutives. Il doit inciter le citoyen à intégrer un statut d’acteur de la réponse, aux côtés des pouvoirs publics. Cette évolution est également une réponse à la crise de confiance qui concerne la quasi-totalité des pays.

Tous acteurs de notre sécurité

vigilance citoyenneCette vigilance citoyenne est une des formes essentielles de la responsabilité individuelle et peut s’exercer à de multiples niveaux, en renforçant l’idée que chacun a non seulement la responsabilité de veiller à la sécurité de ses proches, mais également de son environnement social immédiat, dans sa rue, son quartier, sa ville, les transports en commun qu’il emprunte. Cet engagement civique est très concret : il peut concerner, par exemple, la personne âgée à qui l’on rend visite en période de canicule afin de vérifier qu’elle se porte au mieux, qu’elle s’hydrate suffisamment et qu’elle adopte les comportements adéquats pour faire face à la chaleur. Il s’agit donc de donner au citoyen une part prépondérante de responsabilité dans sa protection personnelle mais aussi dans celle de ses proches et de ses contemporains.

D’autre part il est utile de reconnaître que les démocraties peuvent être des « porteurs sains » de menaces et de vulnérabilités et que, à la condition de disposer des instruments de mesure, d’alerte et de réaction permettant de détecter et de prévenir en temps utile les poussées de déstabilisation, elles sont capables de garantir la qualité de vie des citoyens, l’exercice des libertés fondamentales et, plus généralement, la continuité du projet social et politique qui les a fondées.


Dossier extrait de la revue Préventique n°121 janvier/février 2012

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