Un secteur à haut risque

DOSSIER
SANTE ET ENVIRONNEMENTS POLLUANTS || Hygiène / propreté / décontamination / 18/12/2013

L’activité de nettoyage

Activité générique de service pour professionnels, le nettoyage est nécessaire dans tous les secteurs d’activité. En effet, plus de la moitié des entreprises ont recours à un prestataire externe pour l’activité de nettoyage. Les agents de propreté interviennent directement chez leur employeur ou chez un ou plusieurs clients de celui-ci, que ce soit dans le secteur privé ou public.

On distingue 3 activités de nettoyage :

  • Le nettoyage classique : il s’agit du métier de base (70 à 80% des activités des sociétés de propreté en 2012). Celui-ci regroupe le nettoyage des bureaux, des commerces et des immeubles d’habitation pour ce qui est du secteur tertiaire, mais aussi le nettoyage industriel, de production ou de la grande distribution.
  • Le nettoyage spécialisé : il constitue 10 à 15% des activités de ces entreprises en 2012. Il s’agit du nettoyage de secteurs sensibles en termes d’hygiène, à savoir la restauration, la santé (laboratoires, cliniques, hôpitaux, maisons de retraite...), les industries agroalimentaire, pharmaceutique ou encore électronique, le nucléaire, les transports en commun (bus, aéroports, gares...), etc. Cette activité demande plus d’efforts d’innovation pour améliorer les procédés, notamment en raison de la forte normalisation des secteurs d’activité des entreprises et organismes clients.
  • Les services complémentaires. L’offre de sociétés de nettoyage s’est diversifiée et propose, depuis quelques années, des « services associés ». Il s’agit de la gestion du courrier, de la manutention, de la logistique, etc.

REACH : une substanceEtat des lieux du secteur de la propreté

Le secteur du nettoyage était très dynamique jusqu’en 2008. Entre 2000 et 2008, les effectifs ont presque doublé du fait de l’externalisation des activités de nettoyage et du développement des services associés. La croissance moyenne se situait entre 5 et 7%. Néanmoins, la tendance s’est inversée avec la crise. Les entreprises qui résistent le mieux semblent être celles qui ont opté pour une diversification de leurs activités en proposant des services complémentaires. C’est naturellement le secteur du nettoyage classique qui est le plus touché, un des premiers postes visé lors des coupes budgétaires.

Voici la composition actuelle du secteur de la propreté (données de la FEP de 2013) :

  • Les entreprises :
    • 25 000 entreprises qui réalisent un chiffre d’affaires de 11,25 milliards d’euros
    • 1/3 des entreprises a plus de 10 ans d’existence
    • 284 PME engagées en faveur du développement durable représentant plus de 250 000 salariés, soit plus de la moitié des effectifs de la profession
  • Les salariés :
    • 430 000 salariés
    • 66% des entreprises ont moins de 100 salariés
    • 80% des effectifs sont en CDI, 74% sont en temps partiel (d’où un cumul d’employeurs)
    • 67% de femmes
    • 44% des salariés ont plus de 45 ans, 10% ont moins de 25 ans
    • 69% sont de nationalité française et 31% de nationalité étrangère
  • Le salaire minimum conventionnel se situe 2,5% au-dessus du Smic en 2011
  • La formation :
    • plus de 60% des salariés sont sans diplôme de formation initiale
    • la formation a été multipliée par 2 en 10 ans
    • en 2011, 2000 contrats de professionnalisation ont été signés
    • près de 2000 CQP sont délivrés annuellement en 3 ans de démarche
    • ¼ des fonds de professionnalisation est consacré à la lutte contre l’illettrisme
    • + de 6000 jeunes sont en formation initiale (1300 apprentis en 7 CFA et 5000 jeunes en lycées professionnels)

La situation des salariés de ce secteur est aujourd’hui décrite comme précaire (temps partiel, rémunération, cumul des employeurs), d’autant que la crise accroit une situation d’instabilité. Le taux de CDD remonte dans des entreprises dont les clients demandent des efforts de prix. Les salariés se voient imposer des rythmes de travail soutenus pour compenser la baisse d’effectif et de tarifs.


REACH : une substanceDes risques multiples pour les salariés

Bien que les matériels et les outils aient fortement évolué ces dernières années (moins bruyants et lourds, plus performants et ergonomiques, utilisant des produits moins nocifs…) et que l’organisation des missions se soit améliorée, les métiers de la propreté restent particulièrement physiques et pénibles, générateurs d’accidents et maladies professionnelles. Et le contexte de crise n’a fait que précariser davantage leur situation.

La nature même de leurs métiers expose les personnels du secteur de la propreté à des substances dangereuses, notamment à des agents biologiques (déchets médicaux ou sanitaires) et chimiques (produits de nettoyage tels détachants, désinfectants, détergents, dégraissant…). Nocifs, toxiques, irritants, corrosifs, CMR ou encore inflammables, ils sont responsables de cas d'asthme et autres difficultés respiratoires, d’allergies, de brulures, d’affections gastro-intestinales, cancéreuses ou cutanées, d’infections hématogènes...

Les agents de propreté et d’entretien sont également soumis à des contraintes physiques importantes : bruit et vibrations des machines, travail en extérieur avec exposition aux intempéries et à l'humidité, travail en hauteur (ex les nettoyeurs de vitres) entrainant chutes, glissades ou faux pas, manutention manuelle de charges (responsable de chocs et écrasements), gestes répétitifs et contraintes posturales (risque accru de troubles musculo-squelettiques), etc.

Les nombreux déplacements nécessaires pour se rendre dans les entreprises clientes de jour comme de nuit, le mauvais arrimage du matériel dans les véhicules, sont responsables d’accidents de mission et de trajet. Enfin, le travail de nuit ou en horaires décalés, très courant dans les métiers de l’hygiène propreté, est source de diverses pathologies (stress, dérèglement du rythme biologique…) et accroît le risque d’accidents.

 

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