Denis Monneuse - IAE de Paris : Le surprésentéisme, nouvel enjeu de la gestion des ressources humaines

Le surprésentéisme, nouvel enjeu de la gestion des ressources humaines

|| Conditions de travail
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21/10/2013
Denis Monneuse - IAE de Paris
Denis Monneuse
enseignant chercheur
IAE de Paris
Denis Monneuse a consacré de nombreuses années à accompagner des entreprises afin de les aider à réduire leur taux d’absentéisme. C’est lors de ces missions qu’il a pris conscience d’un autre phénomène tout aussi dévastateur : le surprésentéisme. Zoom sur une problématique mal connue et aux conséquences sous-estimées.

Tout d’abord, quelle est la définition exacte du surprésentéisme ?
Revenons tout d’abord sur la notion de présentéisme, qui peut être définie par le seul fait d’être présent à son poste de travail en opposition à l’absentéisme.
Néanmoins, le présentéisme peut comporter des connotations négatives : présentéisme contemplatif, stratégique, sous-productif voire illégal
Le surprésentéisme qualifie le comportement d’un travailleur qui travaille alors que son état de santé aurait nécessité un arrêt maladie. On peut définir divers types de surprésentéisme, selon sa nature, ses manifestations ou ses degrés.

Comment en êtes-vous venu à vous intéresser au surprésentéisme ?
C’est au cours de mes travaux sur l’absentéisme que j’ai pu appréhender ce sujet, typiquement symbolisé par l’expression « je ne peux pas me permettre de m’arrêter ». J’ai alors découvert un phénomène peu étudié et mal connu mais d’une ampleur inquiétante et touchant aussi bien les cadres que les travailleurs les plus précaires. Autant nous disposons de données sur l’absentéisme, autant le surprésentéisme n’est jamais mesuré dans les enquêtes de climat interne par exemple.
Selon une enquête menée en 2010 il toucherait pourtant 48% de la population active en France. Selon mes propres estimations, ce taux s’élèverait plutôt à 55%

Quelles sont les principales causes du suprésentéisme ?
Les causes sont nombreuses et variées. La conjoncture actuelle contribue indéniablement à accentuer le phénomène.
Selon les populations, les explications sont différentes :

  • le travailleur indépendant ou le commerçant craint une perte de chiffre d’affaires
  • le cadre craint de dévaloriser son image et de ne plus être un modèle d’exemplarité
  • le travailleur précaire, en CDD ou intérim, redoute la perte financière ou de ne pas être reconduit dans son emploi

Le surprésentéisme, c’est pourtant plutôt une bonne chose pour les employeurs ?
Les études médicales pointent les risques à moyen et long terme d’une présence abusive à son poste de travail, risques pour le salarié lui-même mais aussi pour l’entreprise.
Parmi les conséquences les plus notables on peut citer la baisse de la qualité du travail, le risque d’accident dû à des troubles de mémoire et de concentration et plus dramatique encore l’aggravation de la maladie et le risque de burn-out.
Le surprésentéisme est un facteur d’absentéisme à moyen terme. 

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