Marc CHAROY - CRAMIF : Le risque amiante est encore sous-estimé

Le risque amiante est encore sous-estimé

ORGANISATION DE LA PREVENTION || Cancer professionnels
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26/04/2017
Marc CHAROY - CRAMIF
Marc CHAROY
Coordonnateur des actions amiante
CRAMIF

Les bâtiments construits avant 1997, date de l’interdiction totale de l’amiante, contiennent encore fréquemment de l’amiante, nécessitant des mesures de prévention spécifiques pour les interventions de maintenance. Comment gérer ces interventions au mieux ?
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En quoi le risque amiante est-il aujourd’hui encore sous–évalué ?
On estime qu’en France 1 200 000 salariés seraient potentiellement exposés aux fibres d’amiante, car appelés à travailler sur des matériaux qui contiennent de l’amiante.
Nous avons beaucoup oeuvré ces dernières années pour la protection des salariés qui travaillent dans des entreprises de désamiantage. Aujourd’hui, nous portons une attention particulière à la sous-section 4, à  savoir les travaux de maintenance en milieu amianté. Le risque amiante concerne autant les entreprises intervenantes que celles qui ont un patrimoine amianté et effectuent leurs travaux en régie.
Il est très difficile de connaître de façon certaine et exhaustive les matériaux contenant  de l’amiante, des mesures de prévention doivent donc être mises en œuvre systématiquement et des techniques alternatives utilisées le plus fréquemment possible.

Comment renforcer la prévention auprès des donneurs d’ordre et entreprises intervenantes ?
La première des mesures, c’est l’information et la sensibilisation au risque. Certaines CARSAT proposent des formations pour les donneurs d’ordre. Les entreprises intervenantes doivent également être sensibilisées à la nécessité de bien préparer les conditions d’intervention : un diagnostic amiante a-t-il été réalisé ? Les locaux sont-ils vides ou occupés ? Quelles techniques peuvent-être utilisées pour réduire au maximum les émissions de fibres d’amiante ?
Dans ce contexte, la formation des salariés intervenant en milieu amianté est bien évidemment indispensable.
Par ailleurs, avec l’appui du PRDA (Plan Recherche Développement Amiante), de nombreux travaux de recherche et de développement sont en cours pour mettre au point des techniques d’intervention moins émissives, pour le percement par exemple. Nous suivons ces travaux de près.

Les organisations professionnelles se mobilisent sur le sujet, notamment à travers des partenariats avec le réseau prévention. Expliquez-nous
Effectivement, des caisses régionales, la CRAMIF et la CNAM TS ont  conclu des partenariats avec des organisations professionnelles telles que la FEDENE (Energie) et la FNSA (Assainissement). L’objectif est d’accompagner les entreprises adhérentes afin de les aider à mieux évaluer le risque amiante et utiliser les techniques les moins émissives possible.
Nous avons également travaillé par exemple avec l’AP HP pour élaborer un guide de bonnes pratiques sur les interventions en milieu amianté, avec la contrainte de l’environnement hospitalier qui impose un fonctionnement à H24.
De la même façon, nous avons déployé un partenariat avec l’agence des organismes HLM d’Ile de France (AORIF), pour les aider à identifier les techniques les moins émissives possible. Les bailleurs sociaux dans leur ensemble sont tout particulièrement concernés par la problématique, avec la contrainte supplémentaire d’intervenir la plupart du temps en milieu occupé.

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