Il n’y a pas de santé au travail

ORGANISATION DE LA PREVENTION || Loi du 2 août - Santé-Travail
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02/05/2022

La loi du 02 aout 2021 et ses décrets d’application qui paraissent ces mois-ci bousculent l’approche de la santé au travail. On le sait, il y a de plus en plus de porosité entre vie pro et vie perso et cela se ressent également (enfin !) dans les textes.


Lorsqu’un salarié abîme son corps avec des taches pénibles ou répétitives, les douleurs et affectations ne s’arrêtent pas le WE ou lorsqu’il quitte l’entreprise pour partir en retraite. On l’a toujours su mais on n’a jamais réellement agi.

De même, lorsqu’un salarié use son corps par ses pratiques sportives ou son bricolage domestique, c’est parfois l’employeur qui se retrouve à devoir gérer ces affectations.

Le phénomène est encore plus sensible avec les risques psychosociaux. Comment déterminer la part du pro et du perso dans un suicide ? Lorsqu’un salarié est dépisté en entreprise avec notamment une alcoolémie importante, la réaction de l’employeur est de le renvoyer chez lui… où il boira pour oublier…

Et dans tous ces cas, le fameux « secret médical » qui interdit au médecin de ville et aux services de santé au travail de communiquer entre eux a eu un impact dévastateur pour tous ces salariés et leurs familles.
Aujourd’hui, la loi change, et va permettre de s’intéresser à la santé des personnes, de manière globale et transverse.

Mais il subsiste des difficultés. On demande par exemple aux employeurs de prendre davantage soin des salariés notamment en matière de nutrition. Cela passe par les produits fournis notamment dans la restauration d’entreprise mais également par les messages diffusés à destination des foyers. On incite de plus en plus les employés à faire du sport où à venir au travail à pied. A quel moment les salariés ne peuvent-ils pas considérer qu’il y a intrusion voir ingérence dans leur vie privée ?

Au-delà de la loi, des décrets, des règles et bientôt, j’en ai peur, des certifications sur le sujet, c’est aux managers de s’emparer du sujet. La première chose est de pouvoir en parler librement, de laisser les salariés autonomes et surtout moteurs et porteurs de projets. Il y a de bonnes idées, parfois des applications (il en existe beaucoup mais plus de 80 % sont clairement inefficaces et bullshit), qui permettent d’avancer sur le sujet de la santé et d’améliorer les conditions de vie des citoyens.

Aux préventeurs maintenant de se positionner dans tout cet écosystème pour continuer à être le chef d’orchestre de santé et sécurité au travail et de devenir les futurs acteurs de la santé.

En savoir plus :
Le site de la Fédération des Acteurs de la prévention