Eloge du doute

SECURITE DES LIEUX DE TRAVAIL || Gestion de crise - risques majeurs - PCA
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09/05/2023

Voici quelque temps, l’audace était glorifiée. C’était l’époque où les réussites légitimaient les échecs malgré leurs conséquences financières et humaines. Il était de bon ton de prendre des risques. Remarquons que ceux qui prenaient ces risques subissaient rarement les conséquences de leurs échecs et que les bénéficiaires des réussites n’en partageaient qu’exceptionnellement les fruits avec ceux sur qui ils avaient fait peser les risques. Mais cela c’était avant ! Aujourd’hui on incite à la résilience. On valorise le refus des échecs. 


Quelques souvenirs historiques : François d’Angoulême est adoubé chevalier par Bayard à Marignan. Il ne doute plus de ses qualités de roi. Il perd à Pavie. Bonaparte s’illustre à Toulon, brille à Austerlitz, il ne doute plus, même pendant son exil sur l’ile d’Elbe. Il perd à Waterloo. Edward Smith ne doute pas. Il est un des meilleurs capitaines de la marine marchande, son équipage est excellent, les géographes assurent que les icebergs ne dériveront pas sur sa route, les ingénieurs déclarent que son bateau est insubmersible. Las, l’officier de quart est négligent, les géographes imprécis, les ingénieurs présomptueux… Le Titanic coule victime de certitudes. 

 

Aies confiance en toi, mon fils !

OUI, il faut avoir confiance en soi pour pouvoir valider la situation, tester les solutions, évaluer les potentiels disponibles, s’assurer de la préparation et de la fidélité de ses équipiers… Bref pour douter. La confiance en soi ne doit pas être confondue avec un égo démesuré. Avoir confiance en soi, c’est rechercher la contradiction préventive pour conforter ses projets. On apprend plus d’un adversaire que d’un flatteur. Ceux qui refusent la confrontation doutent d’eux même. C’est le mauvais doute. 

 

Douter n’est pas être indécis, c’est au contraire vouloir réussir en évitant les fausses pistes, en prévoyant les obstacles afin de planifier leur franchissement sans perte de temps.

Le CHEF c’est celui qui doute avant, pendant et après. Avant, pour n’engager son équipe que sur des projets voués au succès. Pendant, pour ne pas subir des retards ou pire des restrictions. Après, pour conforter son équipe en lui reconnaissant son œuvre et ainsi préparer les prochains challenges. D’expériences, le chef qui doute inspire confiance. C’est paradoxal mais en doutant, il est accessible, il implique ses équipiers et forge la cohésion.

 

Douter est le fil guide de mes précédentes chroniques. C’est faire appel aux fiches opérationnelles, établir un état des lieux, prévenir, protéger. C’est contrôler l’entrainement et la planification par des exercices. C’est anticiper grâce aux tableaux de bord. C’est savoir donner des ordres favorisant l’intelligence de situation. C’est ne pas perdre pour gagner. C’est être résilient.

Prochain thème de la chronique : Wei Ji et résilience 

En savoir plus : CHEFFER, cet art complexe et tout d’humanité chez LE MONITEUR / TERRITORIAL EDITIONS. 

 

La thématique « gestion de crise » vous intéresse ? Retrouvez ci-après l’ensemble des chroniques du Général François Vernoux :