Faire face aux maladies chroniques au travail

Faire face aux maladies chroniques au travail
DOSSIER
ORGANISATION DE LA PREVENTION || Management SST / 26/04/2024

Cancer, diabète, problèmes respiratoires, douleurs… Au travail, les maladies chroniques constituent un frein concret à l’épanouissement professionnel. Longtemps ignorées alors même qu’elles concernent une grande partie des actifs, ces pathologies doivent être prises en compte par l’employeur pour assurer le bien-être de ses collaborateurs.

En France, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), 1 travailleur sur 4 serait atteint d’une maladie chronique évolutive. Pourtant, le sujet est longtemps resté tabou au sein des entreprises.

Maladie chronique : de quoi parle-t-on ?

Homme se tenant la tête

Un point définition

Si l’on en croit le ministère des Solidarités et de la Santé, la maladie chronique est « une maladie de longue durée, évolutive, avec un retentissement sur la vie quotidienne qui peut générer des incapacités, voire des complications graves ». Ces pathologies représenteraient même « un nouveau paradigme pour notre système de santé ». C’est en tout cas ce qu’écrivait le ministère, appelant à une prise en charge « globale » (voir ci-dessous) des personnes concernées.

Un problème récurrent : le point sur les chiffres des maladies chroniques

Relativement méconnu, ou mésestimé, le défi que pose la maladie chronique est pourtant bien concret. Pire, il est récurrent, quand il n’augmente pas d’année en année. Si en 2012, le ministère de la Santé établissait que 37 % des plus de 15 ans étaient atteints, 35 % de la population totale des assurés du régime général de la Sécurité sociale seraient concernés. Au total, 3,9 millions de personnes seraient atteintes de maladies cardio-neurovasculaires, 3,2 millions de diabète, près de 3 millions de maladies respiratoires ou de cancers. Les maladies chroniques pourraient concerner 25 % de la population active (contre 15% en 2019), tous régimes confondus, d’ici 2025, selon l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (Anact) et le Conseil économique, social et environnemental (CESE).

Maladies chroniques au travail : du flou au concret

Préconisations du médecin du travail

Que dit la loi ?

Les grandes lignes sont plus que claires. Quand un salarié voit sa santé modifier sa capacité de travail, « l'employeur est tenu d’adapter son poste en suivant les préconisations du médecin du travail, en matière d’aménagement de poste, de matériel, de l’environnement de travail, de temps de travail », selon le Ministère du travail.


Face à la maladie, des démarches existent

La Défenseure des droits rappelle, elle, « qu’il ressort, tant des normes nationales qu’internationales en vigueur, que les personnes atteintes d’une maladie chronique peuvent se prévaloir de la protection juridique offerte aux personnes en situation de handicap contre toutes formes de discrimination. » Ainsi, il est du « devoir » de l’employeur de proposer des aménagements concrets à une personne atteinte de maladie chronique (et/ou en situation de handicap) afin de lui garantir un parcours et une vie professionnels épanouissants. De son côté, l’employé doit savoir qu’il peut lui-aussi agir dans son intérêt. Solliciter les acteurs du maintien en emploi peut constituer une première étape (CPAM, Service de Santé et de Prévention au Travail, Maison Départementale des Personnes Handicapées (MDPH), Cap Emploi, Agefiph etc.).


Concilier maladie chronique et emploi

Adapter le travail

En une décennie, un million de personnes supplémentaires auraient contracté une maladie chronique, portant le nombre de Français atteints de pathologies longues et souvent invisibles à 20 millions. Or, 80 % des salariés concernés seraient en poste au moment du diagnostic.

Aménager le travail de la personne malade

Aujourd’hui, de nombreuses solutions et dispositifs peuvent permettre à un salarié malade de poursuivre son activité. Une bonne idée, pour l’employeur, sera surement de rendre flexible le temps de travail (mi-temps thérapeutique, temps partiel etc.). Cela permettra notamment à la personne malade d’effectuer ses missions dans un rythme et un cadre qui lui conviennent sans pour autant affecter ses collègues. Bien-sûr, aménager le poste de travail constitue un défi incontournable pour le confort et donc le bien-être au travail de la personne atteinte de maladie chronique. L’employeur peut doter son salarié d’un meilleur équipement (pensé pour les pathologies : type écrans, bureau ou fauteuils adaptés), d’un meilleur éclairage, ou lui fournir une meilleure insonorisation.
Bien-sûr, le médecin du travail est le seul à pouvoir formuler de tels aménagements, auprès de l’employeur, à qui nous recommandons une écoute attentive. Un travailleur malade peut prendre rendez-vous avec lui pour faire un point sur sa situation. Mais de surcroît, les entreprises peuvent également s’appuyer sur des structures comme Cap Emploi, le FIPHFP ou l’Agefiph pour être accompagnées.

Un enjeu de considération

L’avenir professionnel des personnes souffrant d’une maladie chronique est un sujet et un défi délicat, donc. Une attention toute particulière, couplée d’une bienveillance à toute épreuve peuvent faire la différence. Proposer une assistance psychologique à son collaborateur dans le besoin peut le placer dans une situation de confiance, tout comme l’informer de son droit à formuler une demande de travail adapté. Dans une forme de suite logique, en cas d’absence prolongée du collaborateur, l’employeur doit garder le contact avec lui, prendre de ses nouvelles et le tenir informé de l’actualité de l’entreprise. Le silence peut en effet être interprété comme un manque de sollicitude par le salarié absent. Enfin, si cela semble vraiment nécessaire, la formation pour déconstruire certains clichés sur les salariés malades et la productivité peut aider à ce que tout le monde marche dans le sens d’une synergie professionnelle plus empathique.

En savoir plus :

PARTAGEZ :