Laurent Clairet - AMI : AMI : la robotique pour attirer les travailleurs

AMI : la robotique pour attirer les travailleurs

MANAGEMENT RH / QVT ||
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06/12/2023
Laurent Clairet  - AMI
Laurent Clairet
Président et fondateur
AMI

Pour faire face aux enjeux de production et à la pénurie de compétences et de main d’œuvre dans le milieu du soudage, l’entreprise AMI s’efforce de fidéliser ses travailleurs. La robotique et l’organisation du travail se révèlent être des leviers très efficaces.

Pouvez-vous présenter votre entreprise ? Quel est votre secteur d’activité ?
Nous sommes une entreprise familiale, employant 35 personnes, spécialisée dans la chaudronnerie industrielle. En tant que sous-traitant, nous travaillons pour différents secteurs d’activité : machine industrielle, armement, agroalimentaire. Nous sommes donc multi-matériaux. Nous nous spécialisons également dans la petite et moyenne série, pour produire des pièces de plus en plus techniques, à forte valeur ajoutée.

Les métiers en lien avec le soudage connaissent néanmoins une pénurie de main d’œuvre ?
Dans la chaudronnerie, cela fait 40 ans que nous avons un problème d’effectif. Maintenant que notre domaine fonctionne de manière segmentée, il y a un besoin à la découpe, au pliage, un besoin de moteurs-soudeurs mais aussi d’usineurs. Or, cela fait des décennies que l’Éducation nationale ne nous sort plus personne. Nous en arrivons à un point où nos entreprises ne peuvent plus progresser, car elles manquent de bras. C’est un constat, c’est le mal chronique de notre époque. Nous essayons de trouver des solutions pour attirer les jeunes, pour leur montrer que cela reste un métier intéressant.

Vous semblez miser sur la robotique pour palier ce manque, n’est-ce pas contreproductif ?
Nous ne sommes pas dans un marasme total car nous avons suivi l’évolution technologique. Nous misons effectivement sur la robotique, facile à programmer, et ce depuis les années Covid. En l’absence de collaborateurs, nous avons mis des robots. Ces machines mettent 5 minutes à être réglées, ça simplifie plusieurs tâches de la chaîne de production. Et cela n’enlève pas du travail au contraire. Cela nous a forcés à faire évoluer le métier. Au fur et à mesure, nos travailleurs deviennent simplement des soudeurs-roboticiens, des manutentionnaires-roboticiens. Les robots deviennent les compagnons des collaborateurs. Cette technologie, et surtout sa maîtrise, créé une plus-value à ces postes, qui ont une longue histoire. Nous travaillons depuis peu avec des jeunes ingénieurs, en école. En dehors des cours, nous les invitons à travailler sur nos robots, contre rétribution. Eux en profitent et nous apprennent des choses sur la robotique. Ainsi, nous montons en compétence.

Ce secteur, très ancien, doit donc changer de paradigme pour attirer les talents ?
La robotisation illustre la modification de la culture d’entreprise. Avant une entreprise du soudage était figée. Il y avait des horaires et une façon de travailler très stricts. Aujourd’hui, l’entreprise s’adapte à l’emploi du temps et aux besoins des collaborateurs. Nous nous efforçons de rendre agréable le travail au quotidien, c’est fondamental. Avant la vie s’adaptait au travail, maintenant c’est l’inverse. Si on s’adapte, le travailleur reste. En modernisant et en adaptant les horaires et les postes, nous maintenons notre niveau d’activité malgré ce problème de recrutement.

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