Pierre Cheyroux - CHRU de Tours : La qualité de vie au travail des infirmiers en psychiatrie en question

La qualité de vie au travail des infirmiers en psychiatrie en question

|| Santé au travail
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27/10/2014
Pierre Cheyroux - CHRU de Tours
Pierre Cheyroux
Cadre de santé
CHRU de Tours
Une étude portant sur les déterminants de la qualité de vie au travail est actuellement réalisée auprès de 400 infirmiers en psychiatrie exerçant dans des 7 centres hospitaliers des régions Ile de France, Pays de la Loire et Centre.
Pierre Cheyroux, coordinateur du projet, nous en expose les objectifs et les résultats attendus.

En quoi la qualité de vie au travail des infirmiers en psychiatrie est-elle particulièrement mise à mal ?
Les patients traités en psychiatrie souffrent de pathologies chroniques, sévères et invalidantes. Le sentiment d'échec est patent car il n'y a parfois, malgré la prise en charge, aucune amélioration de l'état de santé du patient. Par conséquent, plus que certaines autres catégories d'infirmiers, les infirmiers en psychiatrie sont potentiellement sujets au sentiment d'épuisement professionnel.
La souffrance psychologique peut devenir insupportable. Le taux d'absentéisme et le turn-over dans ces services sont élevés, ce qui entraîne des problèmes d'organisation, de qualité des soins, et une pression encore plus forte sur les personnels soignants : un cercle vicieux dont il faut sortir.

Quels sont les objectifs de l'enquête sur la qualité de vie au travail que vous coordonnez ?
L'objectif principal est d'examiner les déterminants individuels, organisationnels et managériaux de la qualité de vie au travail des infirmiers en psychiatrie. L'influence des facteurs organisationnels et managériaux sur la QVT a déjà fait l'objet d'études précédemment. Nous souhaitons compléter ces approches en étudiant dans quelle mesure les facteurs individuels ont une influence sur la QVT des soignants.
Notre enquête s'appuie sur deux mécanismes explicatifs issus des théories de psychologie motivationnelle. En premier lieu, la théorie de l'autodétermination nous apprend que le bien être au travail dépend de la satisfaction de trois besoins dits « fondamentaux » : le besoin d’autonomie, le besoin de compétence et le besoin d’appartenance sociale. Par ailleurs, nous nous référons au concept d'autoefficacité qui détermine que la réussite est intimement liée aux croyances en nos capacités d'atteindre un objectif.
Le deuxième objectif de l'étude est d'évaluer en quoi la QVT des infirmiers en psychiatrie a un impact sur la qualité des soins.

Comment se déroule votre programme d'étude ?
Il est important de souligner que cette étude est menée par une équipe de recherche pluri-professionnelle : Nicolas Gillet, Maître de Conférence à l’Université François Rabelais de Tours, Amélie le Gouge, Biostaticienne au CIC de Tours, Rémi Pierre, Infirmier, Justin Bongro Kre, Aide-soignant, Véronique Méplaux, Cadre Supérieur de Santé, Ellen Hervé, Directrice des soins, Catherine Frémont, ARC, Christelle Meunier, Chargé d’étude clinique.
Nous en sommes actuellement au stade du recueil des données. Le questionnaire a été élaboré en collaboration avec des universitaires spécialisés en psychologie et en études statistiques. Il doit être administré courant novembre auprès de 400 infirmiers en psychiatrie exerçant dans 7 centres hospitaliers différents. Ces soignants seront réinterrogés un an après sur les mêmes bases afin d'étudier l'évolution du niveau de QVT et les facteurs qui ont pu l'influencer.
Les résultats que nous obtiendrons seront restitués auprès des participants et feront l'objet de publications dans des revues spécialisées et lors de congrès.
Au delà, nous souhaitons que cette analyse permette d'ouvrir des pistes de réflexion sur les pratiques organisationnelles et managériales pour améliorer la qualité de vie au travail.