Laurent Redois - Mairie de Ponts de Cé : On peut agir concrètement sur la prévention de la pénibilité, même avec peu de moyens

On peut agir concrètement sur la prévention de la pénibilité, même avec peu de moyens

|| Santé au travail
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16/01/2015
Laurent Redois - Mairie de Ponts de Cé
Laurent Redois
Responsable du service des ressources humaines
Mairie de Ponts de Cé

Les Ponts de Cé est une commune de 12 500 habitants, située en périphérie d'Angers, une ville moyenne qui connaît, comme toutes les collectivités, des problèmes d'absentéisme parfois importants. Dès 2008, la question de la santé et de la sécurité au travail a été prise à bras-le-corps avec la création d'un CHSCT. En 2012, une démarche inédite de prévention a été lancée auprès des agents du service d'entretien, avec des résultats immédiats.
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Quelles raisons vous ont amené à engager ce projet de prévention au sein du service d'entretien ?
Depuis plusieurs années, l'amélioration des conditions de travail fait partie des préoccupations de nos élus, avec la création d'un CHSCT dès 2008, bien avant qu'il ne devienne réglementairement obligatoire.
L'analyse des risques professionnels menée dans le cadre du Document Unique avait mis en lumière la surexposition des agents du service d'entretien aux contraintes physiques, mais aussi des facteurs de pénibilité liés aux conditions de travail (organisation, isolement, horaires décalés et/ou coupés, amplitude de travail, temps de travail, matériel utilisé, etc...).
Cette analyse était confirmée par les chiffres de l'absentéisme : en 2012, la moitié des jours d’absence pour raison de santé des agents de la ville concernaient les agents d’entretien alors qu’ils ne représentent qu'un tiers des effectifs.
Alors que nous réfléchissions à un plan d'actions pour assurer de meilleures conditions de travail à ces agents, le service entretien avait de son côté, le projet de recenser l'ensemble des sites en termes de surfaces, qualité des sols, encombrement, fréquence et utilisation pour adapter les temps de travail aux besoins réels de la collectivité.
Nous avons profité de cette étude pour y greffer des notions de prévention et de conditions de travail.

Concrètement, comment avez-vous procédé ?
Au départ, notre intention était de faire le point sur le matériel mis à disposition des agents pour l'entretien des locaux et d'identifier les modifications à apporter dans l'organisation actuelle du travail et/ou la conception des bâtiments (horaires, déplacements, affectations, existence de vestiaires, points d'eau, vide-seaux, « douchettes », etc...). L'objectif était de redéfinir, le cas échéant, les affectations des agents en fonction des lieux d'intervention et  les temps de travail alloués à l'entretien de chaque site selon des critères liés aux superficies, à la nature et l'état des sols, et à la fréquentation et l'usage des lieux.
En plus de cette étude, nous sommes finalement allés beaucoup plus loin en imaginant une modulation du temps de travail en fonction de l'âge de l'agent chargé de l'entretien pour chaque site, afin d'intégrer les critères liés à la pénibilité de ce métier.
Le résultat final est que nous avons recalibré de façon totalement personnalisée pour chaque agent. les temps de travail en corrélation avec l'analyse de nos besoins sur chaque site.

Quels sont les premiers résultats que vous avez pu constater ?
Le dispositif a été mis en œuvre début 2013, il est encore tôt pour en tirer des conclusions définitives mais on constate déjà une baisse de 40% du nombre de jours d'arrêt de travail au service d'entretien sur l'année écoulée. Le nombre d'agents d'entretien ayant eu un arrêt de travail a lui baissé de 13%
Au delà de ces chiffres, cette étude a permis d'ouvrir un vrai dialogue avec les agents sur les conditions de travail et les temps de travail. Il y a eu un bon retour de leur part sur le diagnostic des temps de travail nécessaires et aujourd'hui, ils n'hésitent plus à faire remonter des observations sur l'état des surfaces qu'ils doivent entretenir ou à suggérer des améliorations pour l'organisation de leur travail quotidien. un lien s'est créé qu'il nous faut, maintenant, entretenir.

Quel a été le coût financier de ces mesures ?
L'investissement matériel est pratiquement insignifiant : nous avons juste complété, ou parfois renouvelé, le matériel mis à disposition des agents. Quelques aménagements ont été faits mais sans grand frais, surtout basés sur le bon sens.
En termes de temps de travail, il y a pratiquement eu compensation entre les temps pondérés à la hausse et ceux qui ont été revus à la baisse, en accord avec les agents, donc pas d'impact sur la masse salariale.
Au final, c'est surtout l'investissement en temps qui a été important pour recenser finement tous les locaux à entretenir sur la commune, tout a été fait en interne sans l'appui d'un cabinet extérieur.
La volonté était de faire les choses de façon très pragmatique pour adapter complètement la démarche aux besoins de nos agents et nous sommes aujourd'hui très fiers des résultats obtenus.