François MOURGUES - Centre Hospitalier d’Alès : Ouvrir le dialogue pour prévenir la souffrance au travail

Ouvrir le dialogue pour prévenir la souffrance au travail

|| Santé au travail
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13/05/2013
François MOURGUES - Centre Hospitalier d’Alès
François MOURGUES
Directeur général
Centre Hospitalier d’Alès
Avec ses 1 500 agents, 20 000 entrées annuelles et 40 000 passages aux urgences, le Centre Hospitalier d'Alès fait face, comme la plupart des établissements de santé, à une surcharge de travail et à l'émergence aigüe des risques psychosociaux. Son directeur, François Mourgues, a décidé de prendre le problème à bras-le-corps et de mettre en place des solutions innovantes. Entretien.

Comment avez-vous abordé la réflexion sur le bien-être au travail dans votre établissement ?
D’abord en y mettant des moyens ! On ne peut pas avoir une démarche de prévention des risques psychosociaux sans y apporter de vraies solutions concrètes, au-delà des numéros verts terriblement impressionnants et anonymes.
Nous avons voulu offrir à notre personnel un véritable espace d’analyse et de débats autour de leur travail quotidien et des douleurs et souffrances qu’il pouvait occasionner. Cette volonté de dialogue s’est concrétisée par le recrutement d’un psychologue du travail à temps plein, de permanences médecine du travail élargies, et d’un travail approfondi autour de l’ergonomie avec des référents ergonomes spécialement formés et affectés à chaque pôle hospitalier.
Cette démarche a été initiée en juin 2011 et porte aujourd’hui ses fruits puisque l’absentéisme a été réduit d’une journée, ce qui nous permet de rentabiliser largement les recrutements effectués.
Le CHSCT a également été très impliqué et responsabilisé dans cette démarche, c’est aujourd’hui l’organe institutionnel qui fonctionne le mieux dans l’hôpital.

Parallèlement à l’investissement en personnel, la construction du nouvel hôpital a été également l’occasion d’engager une réflexion sur les conditions de travail ?
Tout à fait. Dans le cadre de la démarche HQE, nous avons bien sûr réfléchi sur l’ergonomie, le confort et l’aménagement des espaces de travail. Mais nous avons aussi investi très largement dans les nouvelles technologies et l’automatisation pour faciliter les pratiques professionnelles des personnels soignants. Ainsi nous avons mis en place un système global de communication qui, sur un terminal unique, permet de gérer les appels malades, la recherche de personnes, les transmissions DECT et le téléphone mobile.
Ce nouveau bâtiment nous a donné l’opportunité de bâtir un véritable projet d’entreprise, ambitieux, global et engageant pour tout l’établissement. Ce projet nous donne une ligne de conduite que nous déployons progressivement.
Avant toute chose il faut qu’il y ait un sens et des enjeux pour que les équipes s’investissent et comprennent le sens de leurs efforts. Nous sommes résolument engagés sur un vrai objectif de développement durable qui se décline dans toutes ses dimensions.

Comment se concrétise cet engagement dans la démarche de développement durable ?
Le projet de construction HQE nous a permis de nous poser de vraies questions sur l’éclairage, la lumière naturelle, l’ergonomie afin de mettre les technologies au service de l’humain. Nous avons également engagé une politique d’achats responsables avec une réflexion sur l’impact environnemental des produits que nous utilisons, les substitutions possibles sur des produits ne contenant pas de COV, etc.
Cet investissement dans un bâtiment intelligent et éco-responsable a certes représenté un coût supplémentaire de l’ordre de 5% mais à long terme, si l’on regarde la satisfaction et la fierté de nos équipes, il est largement rentabilisé.
Nos équipes sont reconnues à travers d’autres dimensions que celles de leurs tâches quotidiennes. Cette reconnaissance, par les patients et leur entourage, est essentielle pour surmonter les difficultés de leur travail.

Parlez-nous de votre projet « Hôpital apprenant »
Nous sommes partis du constat que nos personnels détenaient un savoir inestimable et qu’ils ne demandaient qu’à le partager et le transmettre. Nous les avons donc sollicités pour qu’ils deviennent des « sachants formateurs » et délivrent de la formation en interne. Cette démarche permet de maintenir et développer le savoir-faire et les bonnes pratiques dans la mémoire collective.
C’est également un outil de reconnaissance et de valorisation, puisque du plus petit au plus haut niveau hiérarchique, chacun peut apporter aux autres.
Cela ajoute un volet différent à la pratique de leur métier, leur apporte un autre regard sur leur quotidien et est également un outil de prévention des risques psychosociaux.