Camille Lebas de Lacour - Savéol : « Les chutes de plain-pied font partie des risques délaissées, c’est pourtant la deuxième cause d’accident du travail en France »

« Les chutes de plain-pied font partie des risques délaissées, c’est pourtant la deuxième cause d’accident du travail en France »

ORGANISATION DE LA PREVENTION ||
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01/06/2022
Camille Lebas de Lacour  - Savéol
Camille Lebas de Lacour

Savéol

La Coopérative maraîchère de l’Ouest – marque Savéol – compte jusqu’à 500 collaborateurs pendant les périodes de pic d’activité. Composées essentiellement de saisonniers, les équipes doivent être re-sensibilisées chaque saison, notamment autour de la prévention des chutes de plain-pied. Pourtant, Savéol a réussi à faire baisser de 60 % le nombre d’accidents de travail en trois ans. Camille Lebas de Lacour, préventrice sécurité, nous explique comment.

Pouvez-vous présenter la Coopérative maraîchère de l’Ouest et la marque Savéol ?
Savéol est le premier producteur français de tomates et développe son offre avec des fraises, des concombres et des poivrons …. La coopérative, qui compte 120 maraîchers, est engagée pour l’agriculture durable de demain :

  • une production 100 % française profondément ancrée dans le terroir breton.
  • une démarche de responsabilité sociétale des entreprises, Savéol intègre au cœur de sa production la réduction de son impact environnemental. Une gamme de produits sans pesticide et des emballages 100% carton. Savéol est ainsi la seule coopérative en Europe à disposer de son propre élevage d’insectes : « Savéol Nature », pour remplacer l’utilisation de pesticides de synthèse.
  • Des fruits et légumes de qualité, pour retrouver le vrai goût des tomates et des fraises.

Basée près de Brest, la station de conditionnement est soumise à la saisonnalité du produit, qui arrive de février à octobre. De 150 collaborateurs en hiver, nous montons jusqu’à 500 personnes l’été. L’effectif est donc composé principalement de saisonniers dont plus de 70% reviennent chaque année.

Vous avez décidé de vous attaquer aux risques de chutes. Comment avez-vous procédé ?
C’est la première cause d’accident du travail au sein de la station de conditionnement. Face à ce constat, nous avons commencé par faire un audit des facteurs de risque.  Nous les avons évalués et avons cherché des solutions adaptées.

Certains facteurs de risques ont pu être réduits par des aspects techniques, d’autre par de l’organisationnel. Mais l’acculturation sécurité a été l’action la plus efficace.

Comment avez-vous travaillé sur la culture sécurité ?
Nous avons mis en place un système de management de la sécurité. La stratégie découle d’un comité sécurité en présence des directeurs.  Les piliers du système sont la présence sur le terrain, la gestion des incidents et accidents et la communication. Nous avons fait appel à un cabinet conseil pour mesurer notre niveau de culture sécurité et pour nous aider à progresser. Une formation de deux jours a été proposée à l’encadrement ce qui démontre l’engagement de la direction.

Désormais, toutes réunions d’équipe commencent par la sécurité. Les responsables ont comme feuille de route d’être exemplaires, engagés et exigeants en terme de sécurité.

Ces actions ont porté leurs fruits ?
Nous avons réduit de 50% nos chutes de plain-pied entre 2020 et 2021 et nos accidents de travail de 60% en 3 ans.

Tout cela est lié à la culture sécurité. Les collaborateurs nous signalent les presque accidents, ils communiquent lors des quarts d’heure sécurité, nos managers sont engagés, nous publions nos indicateurs de suivi, nous analysons nos accidents... La démarche n’est pas portée que par le service sécurité, mais par toute l’entreprise.

Pourquoi, selon vous, les chutes de plain-pied restent un type d’accident encore trop fréquent ?
Avec les chutes de plain-pied, les entreprises tombent dans la fatalité : « il est maladroit ou n’a pas fait attention »… et peu de mesures préventives sont mises en place. Alors que les chutes de plain-pied concernent tous les secteurs d’activité et représentent 17% des accidents de travail en France. Chez Savéol, les chutes de plain-pied étaient la première cause d’accidents lors des deux dernières années.
Face à un risque, il est facile d’agir sur la technique. Mais les chutes de plain-pied, c’est plus compliqué. C’est la sensibilisation et l’organisationnel qui vont permettre de jouer sur ce risque-là.

Toute l’organisation de la gestion d’un système de management sécurité peut être illustré avec l’exemple des chutes de plain-pied.