Sébastien Angé - Société nationale des chemins de fer belges (SNCB) : 1000 jours sans accident : à l’atelier SNCB d'Arlon, le succès d'une culture de la sécurité

1000 jours sans accident : à l’atelier SNCB d'Arlon, le succès d'une culture de la sécurité

ORGANISATION DE LA PREVENTION ||
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30/05/2022
Sébastien Angé  - Société nationale des chemins de fer belges (SNCB)
Sébastien Angé
Manager de l’atelier de traction d’Arlon
Société nationale des chemins de fer belges (SNCB)

Comptabilisant plus de 1000 jours sans accident du travail avec incapacité, l’atelier de traction d’Arlon de la SNCB est parvenu à se transformer en quelques années grâce à l’autonomisation de ses collaborateurs et la mise en place d’une discipline tournée vers le bien-être commun. Un bref bilan des efforts accomplis et des perspectives avec Sébastien Angé, manager de l’atelier.

Votre atelier vient de passer le cap symbolique des 1000 jours sans accident du travail avec incapacité. Comment êtes-vous parvenus à accomplir ce résultat ? Quelles actions concrètes ont été menées ?
Il faut tout d’abord savoir d’où l’on vient. L’atelier d’Arlon est un des huit ateliers de la SNCB, le plus petit en Belgique. Nous employons environ 100 personnes, pour plus de 3000 opérations de maintenance chaque année. Nous effectuons l’entretien et la réparation du matériel roulant, de vérifications simples aux dépannages compliqués.

Il y a 6-7 ans, l’atelier d’Arlon était un des ateliers les plus mauvais en matière de sécurité. Nous avons depuis déménagé d’un atelier très vétuste vers un tout nouvel atelier vraiment ergonomique et lumineux. C’était déjà une très bonne base pour instaurer une culture de la sécurité. Ensuite, tous les membres de la ligne hiérarchique de l’atelier sont formés en prévention. Nous avons un conseiller en prévention niveau un, affecté à l’atelier. Notre responsable QSE est conseiller en prévention niveau deux, et chaque membre de ligne hiérarchique a suivi une formation conseiller en prévention niveau trois. À côté de ça, des campagnes de communication régulières sont organisées pour répéter les messages de prévention. Mais au centre de toutes ces démarches, il y a surtout des efforts quotidiens et une réflexion sur la santé, la sécurité et le bien-être des collaborateurs.
 

Qu’est-ce qui constitue selon vous une bonne prévention des risques professionnels dans une organisation ?
Je crois que plusieurs facteurs doivent se combiner pour y parvenir. Premièrement, il faut un environnement adapté, une infrastructure propice à la sécurité. La règle, c’est l’ordre et la propreté ; chaque chose doit être rangée à sa place. C’est une politique d’amélioration continue bien connue, mais qui fonctionne.

Un autre élément primordial, c’est la conscientisation à tous les niveaux de la hiérarchie de l’importance de la sécurité. C’est un travail de longue haleine, parce qu’il faut sans cesse répéter les choses pour la sécurité individuelle et collective. Mais cela permet, à terme, de créer un environnement de travail où les collaborateurs ne sont plus uniquement concentrés sur leurs tâches de base, mais prennent aussi en considération la composante sécurité dans l’exécution. Il se crée une autonomisation, qui permet parfois de remettre en question la manière de travailler, et d’apporter des solutions. Cela nécessite néanmoins, au niveau managérial, de laisser le temps et l’opportunité aux travailleurs d’apporter ces réflexions, mais surtout d’apporter une réponse immédiate pour ne pas créer de frustration. À partir du moment où les travailleurs se sentent en confiance pour proposer des améliorations, ils se sentent d’autant plus concernés par leur travail et la sécurité. Cela crée du bien-être, et forme un tout au niveau de la culture sécurité.
 

Quelle est la suite pour l’atelier d’Arlon ? Quels sont vos nouveaux objectifs ?
Notre objectif quotidien, c’est zéro accident, et pourvu que cela dure. Nous n’avions pas fixé le cap de 1.000 jours. Il est arrivé par hasard, car notre ambition « zéro accident » restait la même, jour après jour. On pourrait viser 2.000 jours sans accident, puis 3.000, etc. Mais la sécurité, ce n’est jamais quelque chose d’acquis. Il faut constamment se remettre en question, et écouter les travailleurs sur le terrain. Ce sont eux les vrais experts.

Nous constatons tout de même que les « records » et les objectifs créent une émulation positive. Les collaborateurs se prennent au jeu, et au sein de l’atelier d’Arlon il y a un fort sentiment d’appartenance. Cela amène une attention redoublée et l’envie de bien faire pour soi et pour les autres.