Data et prévention, un mariage dangereux

ORGANISATION DE LA PREVENTION || Management SST
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06/07/2022

Depuis quelques années la Data a envahi notre quotidien. Il n’aura pas fallu longtemps pour qu’elle s’empare de la prévention. Cela va-t-il faciliter certaines actions ou au contraire pervertir l’état d’esprit de la SST ?


Depuis quelques mois, nous avons vu apparaitre (y compris sur les salons Preventica), de nombreuses Startups en tous genres. La plupart ont amené un véritable vent de fraicheur dans l’univers de la santé et sécurité au travail, qui en avait bien besoin.

Ça c’est pour la forme.

Sur le fond, nous sommes encore en attente de voir quels vont être les effets et résultats de ce que proposent ces jeunes entreprises.

En effet, la plupart proposent des applications pour mesurer et améliorer le bien-être des salariés dans l’entreprise. Ces applications permettent également aux chefs d’entreprises de « mesurer » ou d’évaluer en temps réel la QVT dans leur société, voir même de se comparer aux autres entreprises du secteur.

En interrogeant ces startups, on se pose tout de même des questions sur le modèle économique à long terme. Pour être clair, la plupart ne sont pas rentables sur les 4 ou 5 premières années (est-ce possible ?) et espèrent de nombreuses levées de fonds. L’objectif est en effet, d’obtenir le maximum de clients, et donc de salariés connectés afin de recueillir de la donnée en masse… et de la revendre ensuite !

Pour autant, il ne faut pas non plus rejeter en masse ces pratiques. En effet, si ces données sont utilisées à bon escient, et surtout par les bonnes personnes, cela peut devenir un formidable outil.

Le fait d’avoir de la donnée en masse sur les habitudes des salariés, le moments, lieux et circonstances de chaque situation dangereuse pourrait servir à tous pour améliorer notamment les évaluations des risques professionnels.

En revanche, si c’est pour revendre ces données à des fins moins vertueuses, on doit s’inquiéter. 

On a notamment entendu récemment de nombreuses publicités à la radio, d’assureurs proposant d’effectuer des DUERP en moins de 30 minutes et gratuitement. Au-delà du caractère ridicule de la démarche, on voit que les assureurs veulent s’emparer de ces sujets. C’est notamment dans le but de recueillir de la donnée sur les risques, et donc la santé des salariés sans être contraint par le secret médical. 

Quoiqu’il en soit, la seule question à se poser est de savoir si c’est la SST qui va s’emparer de la DATA ou si c’est l’inverse. Et c’est aux acteurs de la Prévention de se saisir du sujet !