Diane Rakotonanahary - : Combattre la souffrance au travail par la psychologie

Combattre la souffrance au travail par la psychologie

MANAGEMENT RH / QVT ||
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04/10/2023
Diane Rakotonanahary -
Diane Rakotonanahary
psychologue du travail et consultante en entreprise

Diane Rakotonanahary, psychologue du travail et consultante en entreprise, présente sa profession et l’accompagnement qu’elle met en place pour prévenir et éviter autant que possible les situations de souffrance au travail.

Quelle est votre profession ?
Je suis psychologue du travail et consultante : je fais de l’accompagnement individuel au sein de mon cabinet et j’accompagne également les organisations ainsi que leurs salariés.
Je reçois des patients en consultation sur des thématiques en lien avec la souffrance au travail ou pour traiter des traumatismes au sens large (en lien ou non avec le travail).
L’autre partie de mon activité est l’accompagnement en entreprise. J’accompagne ces structures dans leurs audits, démarches QVCT ou encore en matière de prévention des risques psychosociaux. J’accompagne également les managers sur différentes thématiques telles que l’organisation du travail, la promotion du bien-être au travail.

Qu’est-ce qu’un psychologue du travail peut apporter à une entreprise ? Quel est son rôle ?
Il y a des psychologues du travail qui sont salariés d’une entreprise et qui vont donc travailler par exemple sur des recrutements ou sur l’accompagnement de professionnels. Il existe aussi des psychologues du travail qui sont externes à l’entreprise, comme moi, et qui sont amenés à intervenir sur plusieurs projets. Il m’arrive personnellement d’accompagner des dirigeants sur de la stratégie RH ou des salariés en souffrance. J’interviens aussi sur les questions d’organisation du travail, c’est essentiel pour éviter les burn-out ou la souffrance au travail.

Où est-ce qu’on en est aujourd’hui en matière de souffrance au travail ? Est-ce que c’est quelque chose de répandu ?
Je reçois personnellement de plus en plus de patients en souffrance au travail. Il y a d’ailleurs deux typologies : ceux qui viennent parce qu’ils ne se sentent pas bien mais qui ne sont pas encore arrêtés et ceux qui ont été arrêtés par leur médecin pour burn-out. Ça touche toutes les catégories, je peux recevoir des ouvrier.ère.s, des aides-soignant.e.s, des DRH et même des directeurs généraux.

Je crois que les personnes concernées par la souffrance au travail sont de plus en plus nombreuses mais hélas, je n’arrive pas à toucher tout le monde parce que venir voir un psychologue en ville représente un coût et tout le monde n’a pas les moyens, ni l’envie, de venir en consultation.

Quel type d’accompagnement proposez-vous ?
J’accompagne mes patients à titre individuel quand ils viennent au cabinet. En premier lieu, j’apporte des éléments d’éclairage en les aidant à comprendre les facteurs qui ont été pathogènes pour leur santé mentale au travail. L’idée est de les aider à prendre de la distance, à déculpabiliser et à déconstruire ce qu’ils ont vécu. En second lieu, j’aide les salariés à mettre en place des stratégies de défense pour que la reprise du travail se passe bien ou se passe au mieux.

Lorsque j’interviens en entreprise, on est davantage sur de l’accompagnement collectif de salariés. Je travaille aussi sur l’accompagnement des managers parce que, malheureusement, il y en a beaucoup qui ne sont pas formés au management ce qui peut causer des dégâts pour les personnes qu’ils ont à encadrer et pour eux-mêmes.

J’accompagne également les ressources humaines et les managers dans la mise en place d’une stratégie de prévention des risques psychosociaux.

Quels conseils donnez-vous aux managers pour éviter que des situations pareilles se produisent ?
Ce que je répète toujours aux managers c’est : soyez proches de votre équipe. Et pour cela, il faut aller sur le terrain. C’est en se rendant sur place, auprès de ses collaborateurs, qu’on prend conscience de la réalité. Aussi, il est important de ne pas attendre les entretiens annuels d’évaluation pour connaître les besoins et ressentis des équipes. Pour cela, il convient de les questionner régulièrement à l’occasion de discussions individuelles.

Comment se fait-ce qu’il n’y ait pas de profils comme le vôtre dans chaque entreprise ?
Je crois que le mot « psychologie » fait peur. Je pense personnellement que beaucoup d’entreprises préfèrent faire appel à des coachs professionnels parce que c’est plus tendance et leur approche est souvent orientée solution. Généralement quand on va voir un psychologue c’est quand il y a un problème. Le coaching quant lui a cette image de progression. C’est paradoxal parce que pour pouvoir proposer une solution, il faut d’abord savoir ce qui ne va pas.

Quel est le point clé à travailler pour chaque entreprise ?
Je reste convaincue qu’une entreprise saine avec des conditions de travail et des modes de management bienveillant sera plus performante tout simplement parce que les salariés s’y sentiront bien et seront motivés pour réaliser leurs tâches. Travailler sur la qualité des conditions de travail est donc une stratégie à intégrer dans toutes entreprises.