Camy Puech - Qualisocial : « L’approche objective du sens au travail n’existe pas »

« L’approche objective du sens au travail n’existe pas »

MANAGEMENT RH / QVT ||
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31/08/2022
Camy Puech - Qualisocial
Camy Puech
Fondateur et dirigeant
Qualisocial

Du 20 au 24 juin 2022, la semaine pour la Qualité de Vie au Travail avait pour thème « En quête de sens au travail ». L’occasion pour de nombreux acteurs de la prévention et de la SST de revenir sur cette notion clé, qui préoccupe de plus en plus les travailleurs et les organisations. Selon Camy Puech, fondateur et dirigeant de Qualisocial, il est primordial de prendre en compte cette problématique sans attribuer de définition unique au « sens au travail ».

Selon vous, que recouvre la notion de « sens au travail » ? Quel lien entretient-elle avec le bien-être des travailleurs ?
C’est une notion qui diffère en fonction des individus. Chacun possède sa propre définition. Les réalités sont donc très différentes en fonction des organisations, mais celles-ci doivent se questionner sur ce qui fait sens au travail en leur sein, au quotidien. Dans une entreprise dite « à impact », cela peut sembler assez évident, mais ce n’est pas parce qu’une organisation n’appartient pas à cette catégorie que le travail n’a pas de sens. Les travailleurs vont en trouver un, qui peut différer de la définition commune et générale. Et c’est important de laisser cela comme ça, car le contraire pousserait des gens à perdre sens dans leur travail, car celui-ci n’obéirait pas aux critères communs. L’approche objective du sens au travail n’existe pas. C’est pourquoi chaque organisation doit le poser la question de ce qui fait sens pour elle et ses collaborateurs.


Tous les indicateurs semblent montrer que la crise sanitaire a accéléré une « crise du sens au travail ». Comment expliquez-vous cela ?
Nous pouvons considérer que trois facteurs majeurs sont à l’œuvre pour une grande majorité de la population :
- la confrontation à la mort. Le traumatisme de cette situation amène naturellement à se questionner sur le sens de son quotidien et de ses actions.
- un changement complet du mode de fonctionnement de la société et du travail. La crise sanitaire a plus ou moins détruit ce qui marchait, sans proposer de nouveaux modèles.
- une situation économique incertaine, avec de fortes tensions qui apportent leur lot d’incertitudes.

Vis-à-vis de la crise sanitaire, tout cela s’est un petit peu résolu progressivement, mais nous n’avons pas eu le temps de le constater, car la guerre en Ukraine et ses conséquences ainsi que la crise écologique occupent désormais les esprits.

Comment prévenir la perte de sens ?
Tout d’abord, avec sincérité et transparence ; c’est la base. Il faut « ouvrir les vannes » et prendre en compte ce phénomène dans chaque organisation. Il faut questionner les collaborateurs et trouver des solutions avec eux. Il ne faut pas leur demander pourquoi ils ne veulent pas travailler, mais ce qui leur donne envie de travailler. Ce qui fait sens dans leur quotidien et leur apporte du bien-être.
De manière générale, je suis plutôt optimiste par rapport à la suite, parce que les grands bouleversements sont normaux. Les transitions apportent des tendances lourdes positives, et il faut faire confiance dans les individus pour trouver des solutions.

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