Dr Catherine Oliveres-Ghouti - : « Pour les gens ‘s’exposer au soleil’ veut dire ‘aller à la plage’, or presque tous les professionnels s’exposent ! »

« Pour les gens ‘s’exposer au soleil’ veut dire ‘aller à la plage’, or presque tous les professionnels s’exposent ! »

SANTE ET ENVIRONNEMENTS POLLUANTS ||
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16/05/2022
Dr Catherine Oliveres-Ghouti  -
Dr Catherine Oliveres-Ghouti
dermatologue

Du 13 au 17 juin se tiendra la 24e édition de la semaine de prévention et de dépistage des cancers de la peau, organisée par le syndicat national des dermatologues-vénéréologues (SNDV). Cette année, une journée sera entièrement consacré à l’exposition au soleil des professionnels. Une cible difficile à atteindre selon le Dr Catherine Oliveres-Ghouti, dermatologue.

Pourquoi est-ce difficile de faire de la prévention du risque d’exposition solaire, au travail ?

Quand on demande aux gens s’ils s’exposent au soleil, ils pensent à la plage et répondent non. Pour eux, le soleil est associé aux loisirs. Les gens ne pensent pas que lorsqu’ils sont sur un chantier, à faire du crépi, ils sont exposés.
L’exposition au soleil concerne ceux qui sont amenés à être à l’extérieur. Pour le travail ou pas le loisir. Quand on sait que 80% des Français font du jardinage… Si les jardiniers, il y a longtemps, mettaient une salopette, des bottes et un chapeau, les gens sont aujourd’hui en caleçon !

Qui sont ces professionnels qui sont principalement visés par la prévention aux expositions solaires ?

Il y a justement les jardiniers professionnels, qui sont exposés, même s’il n’y a pas de soleil ou si le soleil est couvert. Je pense aussi aux cultivateurs, viticulteurs, agriculteurs… qui même s’ils ont des tracteurs vitrés et protégés, sont amenés à être dehors pendant de longs moments.

Il y a aussi les marins, les pêcheurs, les navigateurs, les sauveteurs en mer. De fait, il y a très peu d’ombre sur les bateaux et comme il y a du vent, on ne sent pas la morsure du soleil.

Il faut aussi penser aux professionnels du sport qui sont sur les stades plusieurs heures par jour. Mais aussi aux cyclistes, aux moniteurs de ski dont l’exposition est encore plus dangereuse avec la réflexion du soleil sur la neige.

Enfin, il y a tous les professionnels du BTP. Nous voyons souvent les ouvriers sur les chantiers qui portent un casque mais qui sont torse nu. C’est totalement dangereux. Au-delà du risque de blessure, il est Indispensable de rester habillé.

Que conseillez-vous justement aux professionnels pour se protéger ?

Le vêtement est la meilleure protection, quel que soit le métier. Il faut penser à mettre une chemise à manches longues et un chapeau sur la tête. Un chapeau protège complètement.

La crème solaire n’est pas dans les habitudes de ces métiers-là… S’ils en mettent, nous aurons de la chance, mais il faut alors qu’ils en mettent toutes les 2h ! Parce qu’avec la transpiration, elle s’atténue.

Y’a-t-il des endroits, des moments où le risque est accru ?

D’après vous, quelle est la région de France où il y a le plus de mélanomes ? Le Sud-Est ? Et bien non, c’est en Bretagne. Il faut faire attention dans toutes les régions, même celles où il n’y a pas tellement de soleil.

Le soleil est dangereux tout le temps, et principalement entre 11h et 15h car c’est la période où il traverse le moins d’atmosphère. Ce n’est pas un hasard si les gens dans les pays du sud, comme l’Espagne, travaillent en deux parties. Ils commencent très tôt le matin et rouvrent en fin de journée.

Pourquoi faire une campagne 1 semaine pour saveur sa peau ?

Si les mélanomes sont souvent liés à une peau claire, des yeux clairs, les carcinomes eux peuvent exister chez tout le monde, chez tous ceux qui sont exposés de manière chronique. Dès que votre travail vous amène à l’extérieur, vous êtes concernés.

Il faut donc vraiment éduquer les gens. Cela se fait à partir de l’enfance pour donner des bons réflexes.

Et pour les professionnels, comment fait-on pour sensibiliser ?  

Les campagnes faites par les dermatologues ne touchent pas forcément les populations de professionnels citées plus haut. Il faut que les médias donnent de l’information là-dessus, ainsi que les médecins du travail. La MSA travaille beaucoup avec nous sur ces sujets-là.