Patrick Boccard - Laboratoire de l’égalité : Quel est l’état de santé des femmes qui travaillent ?

Quel est l’état de santé des femmes qui travaillent ?

ORGANISATION DE LA PREVENTION ||
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01/11/2023
Patrick Boccard  - Laboratoire de l’égalité
Patrick Boccard
en charge des problématiques de sport et de santé
Laboratoire de l’égalité

Face à la dégradation de l’état de santé des femmes qui travaillent, le Laboratoire de l’Egalité mobilise ses experts et ses adhérents pour dresser un grand état des lieux sur la situation en France. L’objectif est de sensibiliser sur les souffrances que connaissent les femmes en milieu professionnel. Un grand travail de synthèse sera ensuite mené ainsi que de larges réflexions pour améliorer leur santé au travail.

Pouvez-vous présenter le Laboratoire ? Quelle est sa mission ?
Le Laboratoire de l’égalité est une association créé il y a une dizaine d’années. Cette association n’est pas féministe, au sens politique et militant du terme. Nous avons beaucoup de respect pour les féministes. Elles ont fait un travail historiquement incontestable, souvent au prix d’un grand danger. Nous, nous cherchons à savoir pragmatiquement ce qui gêne l’égalité entre femme et homme dans la vie professionnelle. Notre objectif est d’œuvrer pour l’égalité entre les hommes et les femmes au travail. Diffuser une culture de l’égalité professionnelle. Nous menons des campagnes de publicité, de lobbying, y compris auprès de candidats à l’élection présidentielle.

Pourquoi s’intéresser à l’état de santé des femmes au travail ?
C’est effectivement notre prisme. Nous nous intéressons au travail : aussi bien dans les entreprises privées que dans le secteur public, ou auprès des indépendants. On essaie de couvrir tous les statuts. Pendant mes recherches, je me suis rendu compte que la santé au travail était un domaine où les inégalités entre les femmes et les hommes étaient terrifiantes. Nous avons donc décidé de mener ce grand état des lieux.

Au cours de vos recherches, qu’avez-vous constaté ?
La nette dégradation de l’état santé psychique des femmes qui travaillent est indéniable. Pendant la pandémie, une modification fondamentale de l’organisation du monde du travail s’est opérée. Les femmes ont payé très cher toutes ces évolutions. Le télétravail et le travail hybride, notamment, ont rechargé les épaules des femmes d’une charge mentale dont elles s’étaient progressivement libérées au cours de 20 dernières années. Cela leur faisait un espace d’autonomie et de liberté en moins. De nombreux cas de dépression ou de burn out ont été constatés. Mais l’impact est également physique. D’autres travaux ont montré que les chiffres des TMS concernant les femmes étaient aussi particulièrement dramatiques.

Le monde professionnel est-il sensibilisé sur le sujet ?
Certains secteurs d’activité et certaines entreprises sont extrêmement en retard. Des chefs d’entreprise et des managers n’ont tout simplement pas intégré l’importance de certains modes d’organisation du travail sur la santé des femmes par exemple. Une évolution culturelle des manager et des dirigeants doit encore se faire. Si toutes les entreprises de France et les collectivités prenaient la peine de faire un état des lieux similaire au nôtre en interne, elles amélioreraient l’attractivité de leur boîte ainsi que la performance de leurs salariées.

Cette grande enquête doit donc remédier à ces problèmes ?
Nous cherchons à sensibiliser l’opinion publique sur ces enjeux. L’enquête et ses résultats seront diffusés. Nous allons ensuite rassembler tous les acteurs concernés pour engager un processus de coconstruction et réfléchir à des solutions. Il y a énormément de pistes de travail. C’est colossal

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