2020 a été synonyme de changements, mais est-ce que cela
a impacté la relation des salariés français a leur travail
?
Nous constatons que la confiance des salariés envers leur
employeur s’est maintenue tout au long de l’année écoulée. Cette
confiance est historiquement assez forte, l’engagement des
salariés à l’égard de l’entreprise est fort. Mais ce qui nous a
plus surpris c’est que cette confiance fasse quasiment consensus
sur des enjeux assez périlleux, comme le maintien de l’emploi et
le respect des gestes barrière en entreprise. Ces enjeux auraient
pu susciter des doutes ou des inquiétudes.
La confiance des salariés se porte davantage sur les performances
externes de l’entreprise. Les salariés pensent que leur
entreprise offre des services de qualité, ils ont confiance dans
la manière dont l’entreprise est pilotée, dans sa performance,
son lien avec ses clients. Cette confiance est tout de fois moins
soulignée sur les enjeux internes.
Votre enquête revient sur le poste de manager qui a été
assez éprouvé. Quel rôle a-t-il eu dans cette crise
?
Le rôle des managers a vraiment été central. Si je schématise, je
dirai qu’ils ont fait le lien entre la direction et l’ensemble
des salariés. Avec le télétravail, il y avait une obligation de
maintenir une espèce de lien qui n‘est plus naturel, même avec
ceux qui sont restés présents sur site et qui ont besoin
d‘encouragements et de certaines garanties. Il y a eu une
extension du rôle de manager – qui n’était plus seulement
organiser le travail -, il devient psychologue du quotidien pour
connaître le moral des troupes et les rassurer.
Le manager n’était plus forcément en position leader mais plutôt
en psychologue du quotidien, il est au centre de son équipe,
plutôt que devant. Il est aussi garant du bien-être de ses
collaborateurs.
En contrepartie, tout ceci a suscité chez eux aussi une fatigue
et une charge mentale assez lourde à la fin de l’année. Ils ont
fait preuve de beaucoup de résilience, ils sortent de 2020
épuisés. C’est donc important qu’ils se voient reconnaitre la
fonction qu’ils ont eu.
Est-ce que les salariés aussi s’attendent à une
reconnaissance ?
Oui, les salariés veulent notamment une reconnaissance de leur
travail, et que l’entreprise se préoccupe de leurs enjeux.
Mais les études montrent surtout que les salariés mettent en
avant la prise en compte de leur bien-être par leur employeur. Ce
qui comprend les conditions matérielles, le sens que l’on donne à
son travail, la possibilité de s’épanouir à travers son travail…
La qualité de vie au travail est un enjeu qui monte et plus
spécifiquement auprès des jeunes générations. A partir du moment
où un salarié passe une partie de son temps en entreprise, il a
envie d’avoir le sentiment de faire un travail dans lequel il
s‘épanouit. Et ce, notamment parce que l’épanouissement autre,
par les voyages, les sorties, etc, devient impossible.
Cette volonté de donner du sens à ce que l’on fait n’est
pas nouveau, si ?
Non, mais la crise sanitaire a été un catalyseur de cette
tendance. Le sentiment de faire un travail qui fait sens qui a
pris bcp d’ampleur. On le voit surtout chez les jeunes
générations pour qui ce critère est au-delà des aspects salarial,
hiérarchique… Ils sont plutôt sur des enjeux sociétaux : à quoi
je sers ? Est-ce que je suis utile ?