Le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Santé a réuni ce
jour le Conseil d’orientation des conditions de travail (COCT)
pour leur présenter deux rapports relatifs à la prévention du
stress dans les entreprises.
Dans le cadre du Plan d’urgence sur la prévention du stress mis en place le 19 octobre 2009, le COCT avait demandé l’ouverture de négociations sur prévention du stress dans toutes les entreprises de plus de mille salariés, obligatoirement suivies d’accords ou plans d’action concertés. L’heure est aujourd’hui au bilan, jugé encourageant par le gouvernement : 600 accords ou plans d’action ont déjà été signés par les entreprises de plus de 1000 salariés, soit près d’une sur deux. Mais il ne s’agit que d’une première étape et Xavier Bertrand a demandé au directeur général du travail d’inciter, par courrier nominatif, les 50% restantes à engager des plans d’action ou de négociation. La DGT devra également mobiliser les commissions mixtes paritaires pour dynamiser la négociation de branche et mieux accompagner les PME.
Le rapport présenté analyse 234 des accords signés : 65% sur
le premier trimestre 2010 et 91% sur le premier semestre 2010,
montrant un certain recul des bonnes initiatives après le
relâchement relatif du Gouvernement. Ils concernent plus d’un
million de travailleurs, employés pour moitié dans le secteur des
services. Une majorité d’accords a été signée à l’unanimité des
syndicats présents dans l’entreprise.
Si l’on constate que 70% des accords conclus ne sont que de
méthode (relatifs à la façon de conduire un état des lieux des
risques psychosociaux (RPS), les conditions d'un recours à un
prestataire extérieur ou le suivi des démarches), en revanche peu
d’accords « de papier » sont relevés ; la première
observation est sans nul doute la qualité du dialogue social et
l’importante implication des partenaires sociaux.
Néanmoins, « force est de constater que rares sont les
accords qui comportent un engagement précis de la direction ou
précisent les modalités de son implication. Peu d’accords
attestent dans leur préambule d’une volonté d’implication au
niveau le plus haut des organes décisionnels sur la problématique
des RPS, dans les étapes de mise en place du processus, de suivi
et de prise de décisions opérationnelles ».
65% des accords mettent en place une instance de pilotage, le
plus souvent paritaire et pluridisciplinaire (composée de
représentants de l’employeur, du personnel, du médecin du
travail). 75% prévoient l’information et la consultation des
CHSCT et CE dans leurs champs de compétences respectifs, mais le
CHSCT est très rarement identifié comme l’instance de pilotage de
la démarche (moins de 10% parmi les accords qui prévoient un tel
comité). Les relations entre ces différentes instances, l’une
légale et les autres conventionnelles, sont peu souvent
identifiées ni organisées dans les accords.
Par ailleurs, l’information des salariés est rarement évoquée et
leur expression peu mentionnée. Le suivi des programmes
d’actions, pourtant indispensable, est peu précis. Seuls 40% des
accords prévoient de suivre les résultats de l’accord et du
programme d’actions, sans aborder concrètement l’évaluation des
actions conduites autrement que part la mise en place
d’observatoires de la santé ou du stress.
Néanmoins, les auteurs du rapport observent que la négociation
sur les RPS a eu le mérite d’ouvrir un nouveau type de
négociation tenant à la nature même du sujet traité :
« l’objet de la négociation n’est pas tant d’ouvrir des
droits
nouveaux que d’interroger les acteurs sur une méthodologie
favorisant à la fois la compréhension du risque et la
construction des étapes de nature à l’identifier, l’évaluer,
l’éviter ou à défaut le réduire et le prévenir ». Si
l’ensemble de ces accords est vraiment suivi d’effet, alors le
plan d’urgence aura permis de promouvoir le dialogue social comme
facteur déterminant de la santé au travail.
Le second rapport est le résultat des travaux du Collège
d’expertise sur le suivi des risques
psychosociaux au travail (cf article
: sur Préventica.com du mardi 12 avril) : il présente les
indicateurs qui devraient être intégrés dès l’enquête nationale
2012 sur les conditions de travail afin de progresser dans
l’évaluation de ce risque. La France devrait ainsi se positionner
parmi les pays les plus efficaces en matière de suivi statistique
des RPS.
De son côté, l’INVS (Institut National de Veille Sanitaire) se
prépare à publier un système de surveillance des suicides et
tentatives de suicide au travail, décrié par les syndicats :
affaire à suivre pour cette question suivie par le COCT.
Le Plan Santé au travail 2010-2014 a été mis en place par les
acteurs institutionnels de la santé et de la sécurité au travail
tout au long l’année 2010. Quatre axes prioritaires, déclinés en
14 objectifs et 36 actions nationales (en partie reprises en
région), ont été définis à partir de constats partagés tels que
le nombre encore trop élevé d’accidents du travail et l’évolution
des maladies professionnelles.
La réunion de ce matin était aussi l’occasion de présenter le
bilan de cette première année d’exercice du PST2. Ainsi, le
ministre évoque un bilan contrasté : les accidents du
travail poursuivent leur recul, mais les maladies
professionnelles augmentent.
Xavier Bertrand a réaffirmé les objectifs du gouvernement
d’une baisse de 25% des AT et de la stabilisation du nombre des
maladies professionnelles d’ici à 2014. L’accent est à nouveau
mis sur les troubles
musculo-squelettiques (TMS) : une campagne nationale
incitera les « chefs d’entreprises à passer à l’action, avec
le soutien de l’ensemble des réseaux de prévention des risques
professionnels ».
Axe prioritaire du gouvernement, la prévention de la pénibilité
fera l’objet de décret précisant les obligations des entreprises
employant des salariés exposés à des facteurs de pénibilité afin
de les aider à négocier des accords ou mettre en place des plans
de prévention.
Très attendus, les deux rapports sont en ligne sur le site gouvernemental « travailler-mieux ».
Pour en savoir plus :
- Synthèse de l’analyse des accords signés dans les
entreprises de plus de 1000 salariés
- Dossier de presse de la réunion du COCT – 19
avril 2011
Source :
Communiqué de presse du Ministère du Travail, de l’Emploi et de
la Santé – 19 avril 2011