Des décisions automatisées aux effets humains bien réels
L’un des premiers risques identifiés concerne la délégation de certaines décisions à des systèmes d’IA, notamment dans les ressources humaines, la logistique ou la finance. Ces systèmes peuvent trier des CV, évaluer la performance ou planifier les tâches sans intervention humaine directe. Mais ces décisions automatisées peuvent manquer de transparence ou reproduire des biais, créant un sentiment d’injustice et d’impuissance chez les salariés concernés.
L'opacité des algorithmes rend difficile toute contestation ou compréhension des choix effectués. Cela peut générer un stress important, une perte de confiance dans l’organisation, voire des conflits internes.
Une pression accrue liée à l’automatisation
L’introduction de l’IA dans les chaînes de production, la maintenance ou les services peut également modifier les rythmes de travail. L’outil devient plus rapide, plus exigeant, et la cadence imposée par les systèmes automatisés peut accentuer la pression ressentie par les équipes humaines. Certains postes sont redéfinis, d'autres deviennent obsolètes, provoquant une instabilité professionnelle et une inquiétude face à l’avenir.
Dans ce contexte, le risque de surcharge mentale augmente, notamment pour les salariés appelés à superviser des systèmes complexes ou à gérer les dysfonctionnements d’outils qu’ils maîtrisent mal.
Un isolement technologique et humain
L’usage intensif de l’IA dans les environnements numériques renforce aussi la dématérialisation du travail. Certains salariés interagissent davantage avec des interfaces qu’avec des collègues. Cette évolution peut provoquer un isolement, une perte de lien social et un affaiblissement du collectif de travail.
Par ailleurs, les métiers dits “augmentés” par l’IA exigent de nouvelles compétences, sans toujours offrir de temps de formation suffisant. Les écarts de niveau technologique peuvent devenir des facteurs d’exclusion.
Un cadre de prévention à réinventer
Face à ces enjeux, les démarches de prévention doivent évoluer. Les acteurs de la santé au travail sont appelés à mieux anticiper les effets indirects de l’IA sur l’organisation du travail, à promouvoir la transparence des systèmes et à accompagner les salariés dans les transformations en cours.
L’IA n’est pas, en soi, un facteur de risque. Tout dépend de la façon dont elle est pensée, déployée et encadrée. C’est pourquoi son intégration doit s’inscrire dans une réflexion collective, éthique et préventive.