De nouveaux modes de travail et de nouveaux enjeux
Après la pandémie de Covid-19, le télétravail s’est instauré durablement dans les habitudes de travail des Français. Il concernait 26 % des personnes salariées en 2023, contre 9% en 2019. Certaines professions sont même aujourd’hui caractérisées par ce mode, tel que les ingénieurs de l’informatique pour qui 9 travailleurs sur 10 télétravaillent en 2023.
Cependant, selon la DARES, cette nouvelle organisation du travail pourrait instaurer de nouveaux risques. Dans la revue la Recherche en Bref, l’organisme s’intéresse aux risques psychosociaux auxquels sont exposés les télétravailleurs, au travers des études précédemment rédigées sur le sujet.
Isolation et flou organisationnel
La DARES regroupe les risques psycho-sociaux associés au télétravail dans trois dimensions clés : la distanciation spatiale des relations professionnelles, l’intensification du travail et la difficulté d’articulation entre vie professionnelle et personnelle.
Pour les télétravailleurs, la distance avec les collaborateurs rend la communication plus difficile et accroît les risques de tensions, les échanges par messages instantanés ou courriels pouvant être sources de malentendus. L’absence de déplacements domicile/travail est aussi une source d’isolement des télétravailleurs.
Même lorsque l’intensité du travail n’augmente pas, la DARES alerte sur le risque d’accroissement de l’amplitude des horaires de travail : en étant toujours connectés, les télétravailleurs sont plus enclins à travailler au-delà de leurs horaires pour rattraper un retard ou faire du travail supplémentaire, ou encore travailler lorsqu'ils sont malades. En 2017, les cadres qui télétravaillaient régulièrement étaient déjà 2 fois plus susceptibles de travailler plus de 50 heures par semaine.
Enfin, les télétravailleurs sont plus à risque d’un « déphasage » des rythmes de vie familiale et sociale. Le télétravail peut être la cause de tension familiale, la vie professionnelle s’immisçant dans la vie personnelle. La revue note également une augmentation des inégalités de genre, ces problèmes impactant en particulier les femmes.
Tous ces facteurs posent un risque d’épuisement ou de surcharge mentale pour les collaborateurs. Cependant, la DARES précise qu’ils ne surviennent pas forcément et que, correctement identifiés par les organisations et les acteurs de la prévention et de la santé au travail, ils peuvent être évités.
