1. « Les personnes handicapées sont moins productives »
Plutôt faux ❌ Si certaines situations de handicap nécessitent des adaptations spécifiques, une étude de l’Agefiph montre que 65 % des managers ne constatent aucune différence de performance après l’embauche d’un salarié handicapé. Une étude de France Stratégie démontre également que l'emploi de travailleurs handicapés ne pénalise pas la rentabilité économique et financière des entreprises. Par ailleurs, des entreprises comme Décathlon démontrent que l’inclusion peut être un levier de performance : elle adapte les outils de travail et sensibilisent leurs équipes pour garantir une productivité optimale.
2. « Elles s'absentent plus souvent »
Faux ❌Une étude de l’Agefiph montre qu’ils ne sont pas plus absents que les autres salariés et que leurs absences, lorsqu’elles existent, sont souvent liées à des suivis médicaux nécessaires pour leur santé. Par ailleurs, les entreprises ayant adapté les postes de travail constatent une meilleure stabilité de ces salariés, avec un taux de turnover inférieur à la moyenne. Enfin, les dispositifs d’accompagnement et d’aménagement via la Médecine du Travail et Cap emploi notamment, permettent de minimiser l’impact des contraintes liées au handicap sur la présence au travail.
3. « Les handicaps sont toujours visibles »
Faux ❌ L’image de la personne handicapée en fauteuil roulant est encore trop souvent associée à la grande majorité des personnes en situation de handicap en France. Environ 80 % des handicaps sont invisibles : troubles cognitifs (ex : dyslexie, TDAH, autisme), troubles psychiques (ex : dépression, schizophrénie), maladies chroniques ou invalidantes (diabète, sclérose en plaques, épilepsie, cancer) ou déficiences sensorielles (ex : surdité légère, daltonisme). Cela représente environ 9 millions de personnes en France. Par exemple, beaucoup de salariés cachent leur situation par peur de stigmatisation ou de discrimination (40 % selon le Défenseur des droits). Cette invisibilité peut entraîner des défis supplémentaires pour les personnes concernées, comme l'incompréhension de leur entourage ou des difficultés à obtenir des aménagements appropriés. La sensibilisation du public et des PME est donc cruciale pour favoriser une société plus inclusive et compréhensive envers toutes les formes de handicap.
4. « Leur recrutement coûte plus cher »
Faux ❌ Bien que des coûts initiaux puissent exister (adaptation de poste, équipements), ces dépenses sont largement compensées par les aides publiques. L’Agefiph finance jusqu’à 100 % des aménagements nécessaires, et 80 % de ces adaptations coûtent moins de 500 €. S’il n’existe plus d’aide à l’embauche, des aides pour aider l’alternance existent. Tout employeur d’une personne en situation de handicap (dès lors que le contrat est d’une durée minimum de 6 mois et que la durée hebdomadaire de travail est au moins égale à 24 heures) peut bénéficier de l’aide à l’embauche en contrat d’apprentissage ou en contrat de professionnalisation (montant maximum de l’aide 3000 €, en fonction de la durée du contrat ; il est proratisé au nombre de mois et à compter du 6ème mois).
5. « Elles nécessitent une assistance particulière »
Plutôt vrai ✅ L'idée que les salariés en situation de handicap nécessitent systématiquement une assistance particulière est un stéréotype. Ils peuvent avoir besoin de passer la visite médicale impérativement avant l’embauche effective et bénéficie plus largement d’un suivi médical renforcé. Les besoins d'accompagnement varient néanmoins selon le type de handicap et la situation individuelle. Dans de nombreux cas, des aménagements ponctuels suffisent, comme l'adaptation d'un poste de travail (fauteuil, souris, écran) ou l'utilisation de logiciels spécifiques, souvent financés par des aides publiques. L’Agefiph peut faciliter l’intégration de la personne en situation de handicap en finançant l’intervention d’une personne experte nécessaire dans l’accompagnement du collectif de travail pour mieux appréhender la situation. Par ailleurs, des dispositifs comme le tutorat ou l'accompagnement professionnel sont disponibles pour faciliter leur autonomie sans imposer une charge durable à l'entreprise. Ces mesures permettent d'intégrer efficacement les salariés handicapés tout en valorisant leurs compétences.
6. « Elles sont moins qualifiées »
Vrai ✅ et faux ❌ Selon les données de France Travail, 36% des demandeurs d'emploi ayant une reconnaissance de handicap sont titulaires au minimum d'un baccalauréat. Bien que ce chiffre soit inférieur à celui des autres demandeurs d'emploi (55%), il démontre qu'une part importante des travailleurs handicapés possède des qualifications significatives.
Ensuite, la structure par âge explique en partie cet écart, car les demandeurs d'emploi handicapés sont généralement plus âgés. Cependant, des facteurs tels que des études moins longues ou l'occupation d'emplois à risque peuvent également influencer ce chiffre. Les personnes en situation de handicap ont accès à de nombreuses opportunités de formation et de développement des compétences : formations adaptées via les Établissements et Services de Réadaptation Professionnelle (ESRP) pour acquérir de nouvelles compétences, formations spécialisées disponibles dans divers secteurs et l'apprentissage accessible sans limite d'âge pour les travailleurs handicapés.
Le taux d'accès à la formation des demandeurs d'emploi bénéficiant d'une RQTH est plus élevé (16,6%) que celui des autres demandeurs d'emploi (14,2%). Des organismes comme l'Agefiph proposent des aides spécifiques pour la formation, en complément des dispositifs de droit commun. Ces données montrent que, loin d'être moins qualifiées, les personnes en situation de handicap ont accès à de nombreuses opportunités pour développer leurs compétences et qualifications tout au long de leur carrière.
7. « Leur intégration peut impacter les équipes »
Plutôt vrai ✅ Une période d’adaptation peut être nécessaire pour sensibiliser les équipes, mais cela renforce souvent la cohésion à long terme. Selon l’IFOP, 82 % des salariés estiment que la diversité améliore le climat social. De plus, elle développe des qualités comme l’empathie et améliore l’organisation du travail. Selon le Cercle Vulnérabilités et Société, ces embauches favorisent l’ouverture d’esprit et la sensibilisation à la diversité. De surcroit, des dispositifs comme le tutorat permettent de créer des liens et de développer les compétences internes. Avec une bonne préparation, ces intégrations deviennent un levier de performance collective et permettent à l’entreprise d’être plus agile et adaptative.
8. « Elles peuvent avoir des besoins spécifiques en termes d'horaires »
Vrai ✅. Si certains salariés handicapés demandent des horaires aménagés pour raisons médicales, ce n’est pas systématique ni ne doit être perçue comme un obstacle. Les travailleurs handicapés peuvent effectivement avoir des besoins spécifiques en termes d'horaires, mais ces aménagements sont généralement bénéfiques pour tous :
1. Flexibilité horaire : Les employeurs peuvent proposer des horaires flexibles, comme des heures d'arrivée et de départ adaptées, pour faciliter les déplacements ou les soins médicaux.
2. Réduction du temps de travail : Une journée de travail plus courte (par exemple, 6 heures au lieu de 7) peut être envisagée selon les besoins individuels.
3. Pauses supplémentaires : Des temps de repos additionnels peuvent être accordés pour permettre la réalisation d'exercices de rééducation ou simplement pour se reposer (fatigabilité accrue).
4. Temps partiel thérapeutique : Ce dispositif permet une reprise progressive du travail après un arrêt maladie, tout en maintenant un revenu partiel. Etabli en concertation avec la Service de Santé et de Prévention de la Santé au Travail Interprofessionnel (SSPSTI ou Médecine du Travail).
5. Télétravail : Cette option peut être proposée pour limiter les déplacements fatigants, dans la mesure où elle est expliquée avec justesse comme un besoin, une adaptation et non un privilège individuel.
Ces aménagements, loin d'être des contraintes, peuvent améliorer l'organisation du travail et la productivité globale de l'entreprise. De plus, ils sont souvent soutenus par des aides financières de l'Agefiph, rendant leur mise en place plus accessible pour les employeurs. D’où l’importance pour les PME d’être bien accompagnées dans ces situations.
9. « Il faut les plaindre ou les admirer »
Faux et dangereux ❌ Ces stéréotypes invisibilisent leurs compétences réelles et peuvent créer un sentiment d’infantilisation. Selon une enquête du Défenseur des droits, ces perceptions poussent parfois les salariés à cacher leur handicap ou à quitter leur poste. Les travailleurs handicapés sont avant tout des professionnels compétents. L'expérience concrète change les perceptions. 52% des salariés affirment que la présence de collègues handicapés a modifié positivement leur regard sur le handicap, selon le 6ème baromètre Agefiph/Ifop. La quasi-totalité des entreprises employant des personnes handicapées se déclarent satisfaites de leur travail. 82% des recruteurs voient l'embauche de personnes handicapées comme une opportunité de s'ouvrir à de nouveaux profils. 64% des employeurs estiment que l'intégration de travailleurs handicapés stimule la performance et l'innovation au sein des équipes.
Plutôt que de les plaindre ou de les admirer, il est donc plus pertinent de considérer les travailleurs handicapés comme des collaborateurs à part entière, capables d'apporter leur expertise et leur perspective unique à l'entreprise.
10. « Handicap = fauteuil roulant »
Complètement faux ❌ Associer le handicap au fauteuil roulant est un cliché réducteur. En réalité, seules 3 % des personnes handicapées utilisent un fauteuil roulant, et 80 % des handicaps sont invisibles (ex. : troubles cognitifs, maladies chroniques, déficiences sensorielles). Cette vision limitée provient de représentations historiques et culturelles simplistes, renforcées par des symboles comme les logos. Pourtant, le handicap englobe toute limitation durable dans la vie quotidienne, qu'elle soit visible ou non. Il est important de noter que 11% des personnes handicapées en emploi interrogées dans une étude de l’Observatoire de la fondation Malakoff Médéric Handicap, avaient des troubles psychiques. Cette réalité souligne l'importance de sensibiliser les employeurs et les collègues à la diversité des situations de handicap, au-delà des représentations visibles. Déconstruire ce stéréotype permet de mieux comprendre la diversité des situations et d’adopter une approche inclusive.
Pour conclure, lutter contre les préjugés relève bien plus que de la « bonne volonté » : c’est un impératif stratégique ! Les entreprises qui intègrent les travailleurs handicapés sans biais voient leur innovation progresser et leur image sociale se renforcer. En transformant les pratiques managériales et les processus RH, les dirigeants peuvent briser le cercle des stéréotypes, et ainsi effacer la peur encore largement partagée par les salariés qui taisent leur situation de handicap à leur hiérarchie. L’enjeu ? Passer d’une logique de contrainte à une dynamique de valeur partagée.
Yann KAPPES
Chargé de mission handicap CPME Auvergne Rhône Alpes
Avec le soutien de l’AGEFIPH et du Fonds social européen.
Pour aller plus loin :