Le stress numérique : nouveau risque émergent

Le stress numérique : nouveau risque émergent
DOSSIER
MANAGEMENT RH / QVT || RPS / Incivilité / Santé mentale / 28/04/2023

Le stress numérique, un mal professionnel insidieux, touche plus de travailleurs qu’il n’y paraît. Nourri par un mauvais management et les nouveaux modes de travail, il s’immisce aussi bien au bureau que dans la vie privée. Pour y faire face, des bons gestes peuvent être effectués par le salarié quand des mesures peuvent être décidées par l’entreprise.

Le numérique à l’excès

Sursollicitation numerique

 

Le stress numérique est une tension nerveuse importante, qui devient progressivement chronique, liée à un usage excessif des outils et technologies numériques.

Sollicitation perpétuelle

Depuis l’essor des nouvelles technologies au XXe siècle, notamment de l’informatique et des techniques de télécommunication, le poids du numérique peut être lourd à porter pour les travailleurs, malgré son utilité. Selon une étude de la fondation Böckler, le numérique peut entraîner plusieurs facteurs de stress tels : l’atteinte à la vie privée, la surcharge informationnelle, le doute sur le maintien de l’emploi, une perte des relations informelles, un sentiment de surveillance par l’employeur ou encore une injonction à la disponibilité permanente.

Une autre étude menée par l’Observatoire du stress en 2012 montrait d’ailleurs que « les interruptions incessantes dans leur travail causées par les outils numériques » étaient mal vécues par 78 % des salariés interrogés. Avec la transition numérique, et le développement notamment du télétravail, ces situations résurgent.

Que dit la loi ?

Une loi instaurant un « droit à la déconnexion » (article 55 loi n°2016-1088) a pourtant bien été votée le 21 juillet 2016. Cependant, cela est loin d’être respecté dans toutes les sociétés. En effet, 36 % des salariés français se connectent à distance pour travailler en vacances, selon une étude publiée par le site d’évaluation des entreprises Glassdoor en 2022. Une porosité vie professionnelle / vie personnelle qui va dans les deux sens. Une enquête Ipsos pour Edenred en 2014 révélait que 62 % des personnes interrogées indiquaient régler des problèmes personnels pendant les heures de travail.

Mal insidieux mais répandu

Groupe avec smartphone

 

Bien que cela soit difficilement quantifiable précisément, le stress numérique, ou stress digital, concerne une partie conséquente des travailleurs français. Selon la synthèse de l’Observatoire du stress (2017), « l’accroissement du stress numérique est de 65 % en lien avec l’accès à un réseau à distance fourni par l’entreprise, 63 % pour l’ordinateur portable ». Selon le cabinet Stimulus, un Français sur quatre souffrirait d’hyperstress lié au numérique.

Cela n’a rien d’étonnant. Selon le baromètre de juin 2018 de la fondation April, mené en collaboration avec l’Institut de sondage BVA, près de « 7 Français sur 10 seraient incapables de se passer d’outils connectés plus d’une journée ». Une « relation d’interdépendance » paradoxale entre les utilisateurs et leurs appareils numériques. Les smartphones, tablettes et ordinateurs occupent en moyenne 4h22 chaque jour dans l’activité des Français.

Conséquences multiples

Ce recours excessif aux outils digitaux, qu’il soit volontaire ou non, a des répercussions négatives sur la vie quotidienne et la santé physique ou psychologique du travailleur. Epuisement physique ou émotionnel, dépendance ou burnout numérique, comportement addictif…  Les usages numériques excessifs peuvent causer des problèmes de santé nombreux et variés. En fonction du facteur de stress continuellement mobilisé, un travailleur peut développer des maladies cardio-vasculaires, des troubles musculo-squelettiques, de l’anxiété, des troubles du sommeil ou encore une dépression.

Bonnes pratiques

Discussion

 

Reprendre la main

Pour éviter ces situations, le travailleur peut adopter diverses pratiques ou prendre plusieurs décisions pour limiter son contact avec les outils numériques. Il peut essayer, dans la mesure du possible, de favoriser les échanges humains directs, limiter l’envoi des messages professionnels en dehors des heures de travail, dédier des temps précis de consultation de messagerie. Une fois à la maison, il peut fixer une heure rituelle de déconnexion, sensibiliser son entourage aux risques liés à l’utilisation accrue des technologies. Enfin, il est recommandé de pratiquer des activités déconnectées, comme de la lecture, du sport, des activités manuelles etc.

Que peut faire l’entreprise ?

Entreprise

 

Toutefois, il va de soi que ces efforts seront vains si l’entreprise dans laquelle évolue le salarié maintien sa tension, ou pression numérique. C’est un cercle d’autant plus vicieux que dans nos sociétés ultra connectées, la surcharge numérique n’est pas vue comme un problème, mais comme un défi à relever. Pourtant, au sein de l’entreprise, le trop numérique peut être un frein au bien-être et à la performance. L’employeur a plusieurs obligations, comme proposer des outils numériques performants qui feront gagner du temps au salarié sans les subir au quotidien. Il doit aussi être vigilant concernant le télétravail par exemple qui, souhaité, peut soulager le salarié, mais peut aussi isoler les travailleurs et les rendre perméables au stress numérique.

Rappelons que l’employeur peut être poursuivi pour « harcèlement numérique » s’il ne respecte pas les horaires de travail et le temps de repos légaux des employés. Une bonne mesure pourrait être de mettre en place un climat propice au dialogue pour parler de la charge numérique mentale des employés. Les managers doivent aussi être formés sur ces questions.

En savoir plus sur le stress numérique

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