Comment s’organise l’observatoire Evrest ?
« Evrest » signifie Évolution et Relations en santé travail.
C’est un observatoire mis en place dans les années 2000, qui a
été créé après un constat simple. De nombreux médecins du travail
récoltaient un grand ensemble de données, mais celles-ci
n’étaient pas traitées de manière collective, pour établir des
statistiques, alors que beaucoup de questionnements revenaient
régulièrement. Donc nous avons décidé de mettre en place un
questionnaire qui reprendrait les grandes questions que l’on
aborde en consultation de santé en travail, en particulier sur
les conditions de travail.
Le questionnaire est à remplir seul, mais il est repris en
consultation. Cela permet d’avoir un contexte derrière les
questions et ainsi d’éviter d’avoir des données trop générales,
qui peuvent parfois amener vers les mauvaises conclusions. Ce
questionnaire permet ensuite d’établir des indicateurs et des
données générales, grâce à un échantillon représentatif des
salariés français.
Élargi au plan national depuis 2008, Evrest est ouvert à tous les
médecins du travail qui souhaitent en faire partie. Mais chaque
équipe qui s’inscrit dans le dispositif peut également reprendre
le questionnaire, pour s’intéresser à une entreprise ou un
secteur d’activité en particulier et obtenir des données plus
précises.
Quels constats avez-vous établis pour ces dernières
années ?
Les conclusions dépendent vraiment du secteur auquel on
s’intéresse. Du point de vue des consultations, beaucoup de
choses ont évidemment changé en 2020. Il y a eu moins de
consultations, beaucoup ont été réalisées à distance durant les
périodes de confinement, la réglementation a permis le report
d’un certain nombre de visites médicales… Donc, en tant
qu’observatoire, nous avons pu obtenir beaucoup moins de données
qu’à l’accoutumée. Mais nous avons adapté notre questionnaire,
pour correspondre à la situation. Nous avons inséré des questions
sur le télétravail, la sécurité au travail, le gain ou la perte
de sens… Depuis le mois d’octobre 2020, nous avons analysé 2007
questionnaires. Nous attendons d’en avoir un peu plus, afin
d’avoir un échantillon représentatif pour tirer les grandes
conclusions de l’année.
Pour ce qui est des évolutions générales, j’ai l’impression que
les RPS sont de plus en plus pris en compte. À titre d’exemple,
nous constatons que dans le secteur hospitalier les conditions de
travail se sont toutes améliorées depuis 2014, à l’exception des
contraintes de temps et de formation.
Quelles évolutions sont à prévoir ?
Pour la médecine du travail, la réforme de la santé au travail va
évidemment apporter son lot de changements. Pour ce qui est
d’Evrest, nous travaillons beaucoup sur des logiciels de santé au
travail, pour essayer de regrouper les données plus facilement.
Nous développons aussi beaucoup d'outils pour que les équipes
santé au travail puissent faire des Evrest en entreprise, afin
d’obtenir des données plus précises et pour établir des
comparaisons.
« Les RPS sont de plus en plus pris en compte »
Dr Laetitia Rollin : Maître de conférences des universités-praticien hospitalier. Médecin du travail au CHU de Rouen. Directrice du groupement d'intérêt scientifique Evrest.

Dr LAETITIA ROLLIN
Directrice (Maître de conférences des universités-praticien hospitalier. Médecin du travail au CHU de Rouen)
Groupement D'intérêt Scientifique Evrest
- #RPS
- 06/04/2021