Pourquoi avoir décidé de publier ce livre ?
Pour pouvoir apporter notre pierre sur la santé psychologique des
salariés sur le moyen long terme, à un moment important qui est
la sortie de crise. La crise doit amener à une révision complète
de l’approche des RPS en France, à un renouvellement important au
niveau des pouvoirs publics mais aussi des entreprises.
Nous sommes persuadés qu’il y a des bonnes pratiques qui existent
mais qui ne sont pas majoritaires dans le monde du travail en
France. Dans d’autres pays, nous constatons deux fois moins de
détresse psychologique que chez nous. La prévention qui
fonctionne est celle qui est primaire, à la source. Nous avons
publié ce bouquin pour mettre en avant ces bonnes pratiques.
De quoi ce livre est-il nourri ?
Nous avons réalisé sept baromètres sur des salariés (en
partenariat avec opinion way) pour suivre dans le temps
d’évolution d’un point de vue de la santé mentale (détresse
psychologique, résilience, bien-être…)
En parallèle, nous avons accompagné plus de 20 000 personnes
depuis le début de cette crise, par de l’écoute, des webinars,
des groupes de co-développement, etc. Les résultats des
baromètres nous ont amenés à adapter nos modalités
d’accompagnement des entreprises, ils nous ont permis d’offrir
des nouveaux services, de nouveaux contenus de webinars,
d’apporter un autre éclairage sur ce qui marche et ne marche pas
en pratique de prévention des RPS.
Le livre reprend donc nos indicateurs issus de nos baromètres, il
explique les conséquences de cette crise sanitaire sur la santé
psychologique des personnes, explique pourquoi on en arrive là
aujourd’hui et ce que l’on peut faire.
Et pour savoir quoi faire, il faut comprendre quelles sont les
causes de ces troubles : notamment le sens au travail, le besoin
de reconnaissance, la charge de travail à distance, etc.
Aujourd’hui, quelle est la situation dans les entreprises
françaises ?
Les 2/3 des salariés disent avoir perdu confiance envers leur
direction générale, à cause de la façon dont ils ont été traités
dans cette crise. Les 2/3 disent aussi qu’ils ne voudront plus
travailler dans des environnements professionnels qui peuvent
menacer leur santé psychologique. Ils attendent beaucoup de leur
employeur. La façon dont ils ont été traités pendant la crise va
conditionner leur engagement futur.
Nous voyons aujourd’hui beaucoup de gens qui démissionnent, qui
veulent changer de travail, de vie. Il y a aussi ceux qui ne
supportent plus les irritants d’antan, les réunions qui durent
des plombes, les gens qui s’écoutent parler, etc. Tous les petits
conflits du quotidien deviennent insupportables. C’est un
héritage de la crise qui incite à revoir la façon d’aborder le
sujet de la santé mentale dans les entreprises française. C’est
obligatoire si on ne veut pas voir une explosion des arrêts
maladie.
La crise n’a-t-elle eu que des effets néfastes sur les
salariés ?
Les crises sont aussi des moments clés pour évoluer, innover,
changer.
Elle a été « confrontante » pour les individus, mais aussi pour
les politiques de QVT des organisations. La crise a montré si ce
qui avait été prévu a fonctionné, ou pas. Et cela a moyennement
fonctionné. Si l’entreprise n’avait pas de vision et d’actions
globales, elle le paye cher.
Si nous ne faisons rien, beaucoup de troubles mentaux vont
apparaitre dans un temps long. Il faut anticiper cette
dégradation.
Comment faire ?
Il faut changer la vision du management et du leadership sur le
sujet de la santé mentale. Si on considère la santé psychologique
comme un investissement et un enjeu de performance, les actions
de qualité de vie se situent différemment.
Il existe une dimension de co-responsabilité différente à
l’étranger. L’entreprise n’est pas responsable de tous les maux,
en revanche, elle est responsable des conséquences des décisions
qu’elle prend. Et là, sans être culpabilisé, il faut avoir une
approche volontariste, à voir comme un investissement.
Le bien-être des gens est stratégique. Les sujets autour de la
santé mentale doivent être portés en comité de direction, ce ne
sont pas des sujets juste RH, il ne s’agit pas juste d’une
question d’attractivité.
En France des managers en sont convaincus, mais encore faut-il
mettre les bonnes choses derrière le bien-être. Il ne s’agit pas
du babyfoot, du massage sur siège, de la cantine bio, etc, mais
de la question du travail bien fait, du manque de reconnaissance,
de la problématique de sens du travail en tant que tel.
Vous pensez qu’il y a de l’espoir pour revoir la manière
dont nous abordons la santé mentale des salariés en France
?
Je pense que, de fait, il va falloir être résilient, apprendre de
la crise et changer. Par la force des choses, j’ai bon espoir que
ça change. Les salariés vont exprimer des attentes différentes.
Nous sommes dans un rapport de force mais positif.
Votre livre donne des pistes pour amorcer ce changement.
A qui s’adresse-t-il d’abord ?
Il s’adresse à tout le monde. Le salarié en lui-même trouvera des
bonnes pratiques à son niveau. Les managers aussi et puis les
entreprises aussi trouveront des conseils. Il apporte une
réflexion de fond qu’il faut avoir dans les entreprises.
Nous donnons aussi des solutions. Quelles sont, selon nous, les
meilleures choses à faire au niveau de l’organisation, du
management et des individus. Le livre tourne autour d’outils, de
fiches thématiques.
