À quels obstacles font face les personnes en situation de
handicap dans le monde professionnel ?
Marine : On ne leur laisse pas le choix. Elles sont souvent
réorientées vers les mêmes métiers : le ménage, le recyclage, le
jardinage. Ensuite, les connaissances sur le handicap font défaut
en entreprise, même de la part des référents désignés sur la
question. Parfois, par crainte, ils préfèrent ne pas s’attarder
sur un profil et un CV pour cette raison. Il y a un manque
de sensibilisation à tous les étages, de l’école au milieu
professionnel.
Lola : Les candidats, eux, font face à une barrière au niveau de
l’estime de soi. Beaucoup n’osent plus postuler car elles savent
qu’elles n’auront pas de réponse. Et une fois en entretien
d’embauche, difficile de se mettre en avant avec un trou dans son
CV. Il y a tout un travail de valorisation personnelle à mettre
en place.
Quels services apportez-vous aux entreprises et aux
personnes concernées ?
Lola : Nous intervenons auprès des entreprises ou collectivités
qui voudraient recruter des personnes en situation de handicap et
qui font face à ces questionnements. Nous organisons des sessions
de job dating basées sur des entretiens et des lettres de
motivation. En entretien, il est toujours possible de montrer sa
personnalité, son intérêt, ses capacités et de se défendre.
Marine : Nous essayons alors de créer des moments collectifs.
Plusieurs entreprises peuvent être présentes en même temps. Cela
donne d’autant plus de raisons aux candidats de se déplacer. Mais
bien sûr, les échanges se basent uniquement sur le projet
professionnel des candidats, qui ont toute la latitude de refuser
un poste.
Quelle est la particularité de vos ateliers de
sensibilisation ?
Marine : Le plus important, c’est la sensibilisation. Dans nos
ateliers de mise en condition, nous inversons les rôles. Le but
est de mettre les valides dans des situations de handicap :
privés de la vision, de l’ouïe, handicap moteur etc.
Lola : Les personnes se rendent compte de l’importance des petits
détails. Cela montre les réflexions qui leur font parfois défaut
face au handicap. Nous travaillons ainsi l’inclusion et
l’accessibilité.
Comment palliez-vous le manque de connaissances des
employeurs ?
Lola : Dans le monde professionnel, l’effort d’intégration peut
être difficile, par manque de connaissance ou de temps. Nous
voulons être une béquille pour les entreprises. Car elles
oublient qu’elles peuvent prétendre à des aides financières pour
intégrer un collaborateur en situation de handicap. Nous leur
rappelons les solutions à leur portée.
Marine : Cela vaut notamment pour l’adaptation des postes de
travail. Nous proposons à nos clients de les aider à monter les
dossiers de demande de financements auprès de l’AGESIP pour tout
aménagement. Nous conseillons ainsi aux entreprises d’ouvrir leur
esprit, car une personne sur deux aura un handicap au cours de sa
vie.