Parce que de nombreux salariés passent une grande partie de la journée sur la route pour des raisons professionnelles, il est important d’agir contre ce risque en menant des actions de sensibilisation et en mettant en œuvre des mesures de prévention.
Quatre grands domaines regroupent l’ensemble des problématiques rencontrées par les entreprises et sont à prendre en compte dans l'établissement du document Unique d'Evaluation des Risques Professionnels :
- le Management des déplacements : vise à améliorer les conditions de déplacements des professionnels en réexaminant l’organisation du travail,
- le Management du parc de véhicules : le véhicule doit être adapté à la fois au déplacement et à l’activité professionnelle. Les entreprises ont une part de responsabilité sur les équipements des véhicules de leur parc,
- le Management des communications mobiles : gérer les communications mobiles en incitant les professionnels à établir des protocoles de communication sécurisés
- le Management des compétences : faire des plans de formation à la conduite des véhicules pour le travail, à la sécurité routière et aux gestes de premiers secours dans leurs entreprises.
Le plan d’action de prévention du risque routier dans
l’entreprise s’appuie sur le document unique et les risques mis
en évidence. Une partie des actions à mettre en place concerne la
gestion et l’organisation des ressources humaines et
matérielles.
Les déplacements
La
gestion et la programmation globale des déplacements par
l’entreprise (dans le temps, la durée…) sont un des points clefs
de la réduction du risque routier. Tout déplacement se prépare
depuis l’entreprise (organisation des rendez-vous, planification
des tournées, choix des itinéraires, gestion des urgences et des
retards…) et non au dernier moment, sur la route…
Dans la gestion au quotidien, avant tout déplacement, il est
important de se poser les questions suivantes : Ce
déplacement est-il nécessaire ? Peut-on privilégier d’autres
modes de déplacement ? Peut-on combiner ce déplacement avec
d’autres déplacements routiers ?
Dans son plan d’action, le chef d’entreprise doit envisager deux
axes prioritaires : éviter les déplacements dans la mesure
du possible, et réduire l’exposition des salariés en déplacement.
Eviter les déplacements
- Utiliser les nouvelles technologies de communication
(visioconférence, audioconférence, internet, ou messagerie
électronique) afin d’éviter certains déplacements et les coûts
associés (temps passé, frais de route, hébergement…),
- Regrouper les rendez-vous ou réunions hors entreprise pour en
limiter le nombre,
- Supprimer les trajets inutiles (meilleure préparation des
chantiers par exemple).
Réduire l’exposition au risque routier lors de
déplacements
Quand le déplacement est nécessaire, il
importe de choisir le mode de déplacement le plus sûr :
- Recourir aux transports collectifs (avion ou train) ;
- Combiner ces transports collectifs avec le déplacement routier (location de véhicule sur place pour limiter les distances parcourues par les salariés, réduire leur fatigue ou leur stress).
Il est aussi nécessaire de veiller au respect des règles du Code
de la route, de planifier et rationaliser les déplacements longs
en privilégiant l’usage de l’autoroute (réseau plus sûr que les
voies nationales ou départementales).
Limiter également les distances quotidiennes parcourues ou de la
durée de conduite, de jour comme de nuit (respecter les
prescriptions réglementaires des temps de conduite et de
pause).
Tout cela peut amener à mettre en place une nouvelle
organisation, définir de nouvelles règles au sein de l’entreprise
et repenser des habitudes et des façons de travailler. Les
bénéfices d’une telle démarche sont avérés en terme de sécurité
et à plus longue échéance, d’efficacité.
Une telle réflexion peut être menée en collaboration avec des
clients et/ou des fournisseurs habituels. Une démarche conjointe
permet d’optimiser l’organisation des tournées, de prendre en
compte la sécurité dans la négociation des délais de livraison et
mieux coordonner les tâches pour le retrait ou la livraison de
marchandises.
Les véhicules
Le véhicule à usage professionnel doit être adapté à la fois au déplacement et à la mission à réaliser.
Critères d’adaptation d’un véhicule en fonction de la
mission :
- Le véhicule est aménagé et équipé en fonction des besoins des
personnes et/ou des charges à transporter,
- Il existe une séparation entre la partie habitacle de conduite
et le volume utilisé pour le chargement (transport de matériaux,
de produits, d’outils…),
- Le volume réservé au chargement permet un arrimage et une bonne
répartition des charges,
- La capacité/puissance du véhicule permet de transporter sans
risque le chargement. Toute surcharge constitue un facteur
important d’aggravation du risque.
Au moment de l’achat ou de la location d’un véhicule, il faut
s’assurer que celui-ci est doté des équipements de sécurité
(système de freinage par assistance électronique, airbags,
limiteur de vitesse réglable et modulable par le conducteur…),
assurant le même niveau de protection des salariés quelle que
soit la place occupée dans le véhicule.
Un contrôle de l’état et un entretien régulier des véhicules
contribuent à limiter les risques d’accidents sur la route et
participent à la sécurité des salariés.
Maintenance d’une flotte de véhicules
Les entreprises qui ont une flotte de véhicules doivent mettre en
place une organisation qui assure un bon état de maintenance des
véhicules :
- Désignation d’un responsable du parc,
- Planification des entretiens des véhicules,
- Suivi quotidien de l’état du parc,
- Mise en place d’un carnet d’entretien pour chaque véhicule à la
disposition de l’utilisateur.
Les utilisateurs des véhicules doivent être encouragés à signaler
tout dysfonctionnement. Pour être efficace, cette remontée
d’informations doit être organisée et formalisée selon un circuit
établi (fiches d’observations, demandes d’interventions…). Les
règles d’entretien doivent être définies par l’entreprise. La
périodicité des contrôles doit être adaptée aux conditions
d’utilisation des véhicules.
Les communications lors des déplacements
Le téléphone mobile est devenu tellement familier que
l’entreprise se doit d’en organiser l’utilisation dans le cadre
professionnel, notamment sur la route.
Il est nécessaire d’instaurer un protocole de communication qui
permette aux salariés en mission de rester en liaison avec leur
entreprise et leurs clients, sans mettre en danger leur sécurité
sur la route. Ce protocole doit répondre aux besoins de
l’entreprise tout en accordant la priorité à la sécurité du
salarié. C’est un document connu du salarié, qui précise dans
quelles conditions ce dernier devra utiliser son téléphone
portable lorsqu’il est en mission.
Idées à
développer pour l’élaboration d’un protocole de
communication :
- Rappel des risques d’accidents liés à l’utilisation du
téléphone portable au volant : téléphoner au volant
déconcentre le conducteur et le détourne de sa tâche de conduite.
Il est donc recommandé aux entreprises de proscrire l’utilisation
du téléphone au volant d’un véhicule, quel que soit le dispositif
technique utilisé,
- Communications quand le véhicule est à l’arrêt uniquement,
- Enregistrement d’un message d’accueil sur la messagerie,
- Renvoi automatique des appels,
- Fixation de plages d’appels sur les temps de pause de conduite.
En cas d’accident d’un collaborateur en mission, c’est le chef d’entreprise qui pourrait être mis en cause en l’absence de l’adoption d’un protocole de communication étudié au sein de l’entreprise et connu de l’ensemble des salariés.
Les compétences
Les véhicules utilisés pour l’exercice d’un métier ont des caractéristiques très variables et nécessitent l’acquisition ou la maîtrise de compétences spécifiques. Il peut s’agir de véhicules utilitaires transportant des charges lourdes ou de minibus permettant de conduire plusieurs salariés de l’entreprise…
De plus, effectuer des dizaines de milliers de kilomètres par an
pour son travail, dans des conditions parfois difficiles (pluie,
verglas, mauvaise visibilité…), demande aussi des compétences
particulières.
En tout état de cause, avant de confier au salarié la conduite
d’un véhicule, l’entreprise doit vérifier qu'il possède bien un
permis de conduire en cours de validité, correspondant au
véhicule qui lui est confié. Un simple permis B suffit au plan
réglementaire pour conduire un véhicule de moins de 3,5 tonnes ;
toutefois cette situation n’est pas satisfaisante sur le plan de
la prévention.
De nombreuses entreprises ont mis en place une formation
complémentaire pour les salariés les plus exposés au risque
routier.
Les étapes de mise en place d’une formation
complémentaire à la conduite :
- Faire un bilan des compétences des salariés amenés à conduire
un véhicule,
- Définir les besoins en formation complémentaire à la conduite
de l’entreprise,
- Choisir l’organisme de formation correspondant aux besoins de
l’entreprise
La formation à la conduite ne sera efficace que si elle est
adaptée au métier : type de véhicule, kilométrage parcouru,
techniques d’arrimage des charges et conditions de conduite en
charge, manœuvres…,
- Mettre en place les financements nécessaires,
- Etablir un plan de formation pluriannuel et le suivre dans le
temps
Ces dispositions n’auront d’intérêt que si l’entreprise prévoit un dispositif permettant un suivi régulier et une mise à jour des qualifications des salariés.