Veiller à la santé mentale des travailleurs sociaux
Intervenant auprès de personnes en difficulté, les travailleurs sociaux pratiquent un métier qui n’est pas sans risques pour leur propre santé mentale. Confrontés à la fois à la souffrance d’autrui, au sentiment d’impuissance et à l’impression de solitude, ils peuvent être fragilisés sur le long terme.
Définition de santé mentale
Selon la Constitution de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), rédigée en 1946, la santé est « un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité ». Il convient donc d’éviter les idées reçues. De la même façon la santé mentale, selon Santé Publique France, « est une composante essentielle de la santé et représente bien plus que l’absence de troubles ou de handicaps mentaux ».
Un mal professionnel
Toujours selon Santé Publique France, la santé mentale est déterminée par de nombreux facteurs socio-économiques, biologiques et environnementaux. Les conditions de travail en sont donc un déterminant important.
Un mal méconnu mais pourtant répandu. D’après les données de l’OMS, un Européen sur quatre serait concerné par des troubles psychiques au cours de sa vie. Des maux qui sont aussi de plus en plus présents en milieu professionnel. En effet, ces derniers représentent la deuxième cause d’arrêt de travail, selon une étude de la Caisse nationale d’assurance-maladie.
Travailleur social : un métier usant
Comme l’affirme l’Inserm, être en bonne santé mentale, « c’est se sentir bien et s’accomplir, être en mesure de surmonter les tracas de la vie quotidienne ». La santé mentale dépend donc des événements que nous vivons ou du stress que nous subissons. Les professionnels du secteur sont logiquement exposés à des risques psychologiques. Sur le long terme, ils peuvent être fragilisés.
Éléments à risques
Le premier risque est la sur implication affective et émotionnelle. Le métier de travailleur social requiert un certain équilibre personnel au moment d’affronter des situations de grande détresse. Ensuite, un sur investissement dans la mission couplé à un sentiment d’impuissance qui poussent le travailleur à se dévaloriser.
La surcharge de travail est aussi à prendre en compte. En effet, une souffrance psychologique peut découler d’une difficulté à concilier les exigences déontologiques avec les ressources disponibles et les frictions hiérarchiques. Sans oublier la violence physique ou verbale des usagers. Le travailleur social est face à des personnes en souffrance psychique et est donc exposé lui-même à des risques physiques ou psychologiques, en tant qu'interlocuteurs de première ligne.
De lourdes conséquences
Si l’on excepte les conséquences physiques - troubles musculosquelettiques, accidents cardiovasculaires, hypertension artérielle - du métier, le travailleur social s’expose ainsi à plusieurs troubles psychologiques. Parmi eux : troubles du sommeil, de crises d’angoisse, dépression ou encore épuisement émotionnel. A ce sujet, une étude mandatée par Avenir Social en 2020, et menée sur 3 000 professionnels, montrait des « résultats préoccupants ». Enfin, les travailleurs sociaux, du fait des perturbations psychologiques, sont aussi sujets à une consommation accrue d'alcool, de tabac, ou médicaments comme des anxiolytiques.
Préserver la santé mentale
Un travailleur ayant subi une agression de la part d’un usager doit être pris en charge rapidement de façon juridique puis psychologique. Il peut être suivi par des psychologues ou des psychiatres. Les maux plus diffus peuvent être surveillés en entreprise lors des visites médicales du médecin de prévention. Cela permet d’anticiper les troubles liés au stress, puis d’orienter le travailleur social vers un soutien psychologique si nécessaire, ou des pratiques comme la relaxation ou la sophrologie.
Développer l’écoute
Il est aussi possible de diminuer la pression de ces travailleurs. Cela passe par une communication efficace et régulière entre les membres d’une structure ainsi qu’un soutien hiérarchique. Développer l’écoute peut être déterminant pour la santé mentale des travailleurs sociaux. Par exemple, la Commission nationale paritaire technique de prévoyance, ainsi que le Centre d'hébergement et de réinsertion sociale (CHRS), ont noué un partenariat avec Pros-Consulte pour mettre en place une plateforme d’écoute psychologique.
Une meilleure supervision d’équipe est également un modérateur puissant des effets du stress au travail. Pour rappel, l’article L 4121-1 du code du travail précise que l’employeur doit prendre les « mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs ».
En savoir plus sur la préservation de la santé mentale des travailleurs sociaux
- La santé mentale, Santé Publique France, octobre 2021
- Une campagne pour sensibiliser à la santé mentale en entreprise, Préventica, octobre 2022
- Souffrances ou troubles psychiques : rôle et place du travailleur social, Solidarités-santé.gouv.fr
- La santé mentale au travail, Organisation Mondiale de la Santé, septembre 2022
- Risques psychosociaux : Conséquences pour le salarié et l’entreprise, INRS, novembre 2021
- Santé mentale : changer d’approches ?, Inserm, décembre 2020