Relier les conditions de travail à celle de l’organisation du travail

Par Dominique Vandroz, directeur Général Adjoint de l‘ANACT

DOSSIER
ORGANISATION DE LA PREVENTION || Management SST / 21/03/2013

Dominique Vandroz, Directeur Général Adjoint de l’ANACT (Agence Nationale pour l’Amélioration des Conditions de Travail) expose pourquoi les problématiques essentielles se situent dans les relations entre conditions de travail et organisation du travail.


Rappel sur l’histoire de l’organisation du travail et de la prévention

Depuis le milieu du XIX° siècle, trois phases marquent l’histoire de la prévention.
La première est le début de l’industrialisation. Les accidents du travail relèvent alors d’une responsabilité civile avec une réparation forfaitaire. Une approche essentiellement assurancielle qui sécurise chaque partie quant au coût de l’accident.
La deuxième phase est 1946 et la création des comités d’hygiène et sécurité. La démarche de prévention naît. La cause de l’accident est recherchée afin d’éviter les effets sur la santé du travail.
La troisième phase est 1982 avec la création du comité d’hygiène sécurité et conditions de travail. C’est la prise en compte d’une citoyenneté dans l’entreprise qui donne des droits d’expression aux salariés. La santé est vue comme une conséquence de la production et de l’organisation du travail.
Le risque est perçu comme extérieur au salarié. Des moyens réglementaires et un système d’acteurs (service sécurité, médecine du travail…) pour l’essentiel extérieurs au travail sont mis en place. C’est relativement bien prévu même s’il y a un écart entre le prescrit et le réel.


Les principales caractéristiques du travail contemporain

Aujourd’hui, l’essentiel de l’activité est dans le secteur tertiaire.
Les activités sont très imbriquées : des activités par nature industrielles ont une culture qui relèvent plus des services dans le cadre de leur relation clients-fournisseurs. L’activité productive est de plus en plus immatérielle, la relation se crée dans la valeur ajoutée.
La deuxième caractéristique du travail est ce que j’appellerais la « rationalisation flexible ». L’hyper compétitivité force les entreprises à un renouvellement constant des offres et des conditions de la prestation tout en devant rationaliser pour pouvoir produire en quantité.
Tout cela rend les frontières des entreprises floues. La charge de travail évolue considérablement entre une dimension physique et une dimension cognitive.
La troisième caractéristique est le renouvellement des exigences de travail. Les enquêtes de la DARES permettent de constater une intensification du travail au fil du temps. Même s’il y a une augmentation de l’aspect cognitif, les exigences liées au travail physique n’ont pas disparues. Il reste une pénibilité physique importante.
Quatrièmement, de nouvelles formes de mobilisation de la main d’œuvre apparaissent où l’on demande beaucoup plus d’engagements de la part des salariés.

Développer une approche liant construction de la santé et organisation du travail

Selon François Hubault, « la santé est un facteur important qui produit chez un individu de la capacité à agir sur son environnement ».
Que peut-on mettre en place qui permette au salarié de construire sa santé plutôt que de la dépenser ou qu’elle se détruise petit à petit ?
Pour que les salariés puissent construire leur santé, il est nécessaire de concevoir des organisations qui permettent de professionnaliser les salariés, de concevoir des organisations où le management joue un rôle de soutien afin que le salarié puisse expérimenter, agir, être autonome, s’engager. 

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