Pourquoi avoir décidé d’élaborer ce dispositif
?
Depuis la loi du 2 aout 2021, qui vise à élargir la prise en
charge des dirigeants d’entreprise vis-à-vis des services de
prévention et santé au travail, nous avons réfléchi à mettre en
place un projet avec une prestation spécifique pour les
dirigeants d’entreprise. Notre première campagne de
sensibilisation a été lancée en décembre 2022. Nous avons pensé
le dispositif d’accompagnement d’une manière globale.
En quoi consiste l’outil Capital Santé Dirigeants
?
C’est avant tout un programme de prévention qui peut être mis au
service des dirigeants. Il comporte plusieurs options et services
pour veiller à la santé
physique et psychologique du chef d’entreprise : coaching,
sophrologie, hypno-thérapie, activité sportive etc. Bien-sûr,
cela se fait en fonction des dirigeants concernés. Il y a autant
de situations qu’il y a de dirigeants, donc autant de réponses
différentes à apporter à une situation. Sans oublier que nous
insistons aussi sur la prévention. Même quand ils vont bien, les
dirigeants peuvent nous appeler pour renforcer leurs ressources.
En quoi votre dispositif se distingue des autres
?
Nous prenons également en compte le rapport existentiel du chef
d’entreprise à son entreprise. On ne peut pas dissocier une
entreprise de son dirigeant. C’est comme si c’était son bébé,
s’il va bien, le chef va bien. On peut difficilement faire un
accompagnement de santé alors que son entreprise va droit au
dépôt de bilan. Il faut aussi l’aider sur les difficultés
professionnelles : recrutement, trésorerie, confiance des
salariés… Nous avons donc créé un partenariat avec l’association
« Entraide et entrepreneurs », qui intervient en
Nouvelle-Aquitaine. Près de 90 bénévoles, tous chefs d’entreprise
ou anciens patrons, leur apportent leurs conseils. Ils
connaissent toutes les difficultés que les dirigeants
d’entreprise peuvent subir au quotidien.
À quelles problématiques font face les dirigeants
?
Ils connaissent plusieurs difficultés : surcharge de travail,
difficultés de recrutement, baisse d’activité commerciale due au
contexte économique etc. Aujourd’hui, la satisfaction de la
clientèle, la bonne implication des équipes… toute la partie
relationnelle autour de l’entreprise sont ce qui leur permettent
de tenir bon.
Pourtant, très peu de patrons osent demander de l’aide
?
Nous couvrons la Dordogne et la Corrèze, qui comportent 150 000
salariés et 13 400 entreprises. Pour l’instant, nous avons évalué
377 dirigeants, effectué 120 dépistages de burn-out. Seuls 22
dirigeants sont actuellement accompagnés. Mais ce sont 22 chefs
qui ont saisi la main tendue. Sur les 377 patrons, 220 avaient
une balance positive, 157 en avaient une négative. Un dirigeant
subit sa représentation sociale. Il ne peut pas être faible. En
France, ce sont ceux qui ont le moins d’arrêts de travail et qui
consomment le moins d’antidépresseurs. On voit bien qu’ils ont
beaucoup de mal à demander de l’aide.