Pouvez-vous nous expliquer en quoi consistera cette semaine ?
 

Anne Guibert : L’objectif est de montrer concrètement par des témoignages et des regards d'experts ce que peut apporter le dialogue sur le travail au sein de son entreprise. Partager des histoires d’entreprises qui ont planché sur le sujet, avec des succès ou des difficultés. En région il y aura des webinaires et des événements spécifiques (conférences, tables rondes, ndlr). Il y aura également des ateliers participatifs dans lesquels des représentants de l’Aract feront dialoguer des employeurs et des représentants de salariés pour débattre de ce sujet. Et puis le jeudi 19 juin, des professionnels se réuniront à Paris pour essayer de comprendre ce qui bloque et ce qui aide le dialogue au travail. Notre fil rouge, c’est de toujours rappeler que le dialogue est un levier de QVT.
 

Thierry Rousseau : L’idée est effectivement de croiser les témoignages pour montrer que parler du travail apporte de la performance et des bienfaits pour la santé des personnes. Beaucoup d’études en parlent et pourtant, en France, il est souvent difficile de parler du travail.

 

 

Pour quelles raisons avons-nous du mal à parler du travail en France ?
 

TR : Nous sommes à la traine parmi les pays européens à ce sujet. Nous avons moins l’habitude de développer les organisations réflexives dans le monde du travail. Notre modèle traditionnel est un peu plus intensif, fondé sur une logique de description des tâches à accomplir avec valorisation des résultats. La réflexion stratégique autour du terrain n’est pas très bien organisée. Bien sûr, le paysage d’ensemble est contrasté. Beaucoup de choses ont été faites depuis 20 ou 30 ans.
 

AG : Vivre le travail, c’est différent que de l’organiser. Les raisons sont multiples. Mais il faut toujours avoir en tête que c’est parfois délicat de canaliser la parole pour lui trouver des débouchées et concrètement améliorer la situation de l’entreprise. 

 

En quoi parler du travail serait-il productif ?

 

AG : Les entreprises se cherchent, cherchent d’autres façons de s’organiser. Parler, c’est comme ça qu’on apprend et comme ça qu’on avance. Permettre à chacun de s’exprimer, montrer que l’avis des travailleurs compte, est un facteur de cohésion sociale dans l’entreprise, de bien être. La vérité n’est pas détenue par une seule personne qui serait l’employeur ou le manager. Il faut faire discuter tous les acteurs, salariés, actionnaires, responsables, pour améliorer la performance et les conditions de terrain. On réduit le risque de conflits ou de dissonance au profit de l’efficacité.

 

TR : Il est toujours bon de parler du travail, de faire remonter l’expérience des personnes et mieux l’intégrer dans les processus de gestion comme de décision. Mais attention, parler du travail, ça ne s’improvise pas. Cela peut présenter un risque. Il faut lever les craintes du côté employeur comme côté salarié : concevoir une forme et mettre en place des canaux pour analyser au mieux la vie de l’entreprise. À terme, tout le monde y gagne, y compris les entreprises qui débloquent une réelle contribution à l’espace productif, à son fonctionnement d’ensemble. Le contexte de travail est tellement complexe aujourd’hui du point de vue des enjeux cognitifs, sociaux ou de concurrence qu’une entreprise ne peut plus être dans la logique de la seule verticalité. Ce serait se priver d’une partie de l’intelligence des personnes dans les organisations.

 

 

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