Quel message voulez-vous faire passer à travers votre ouvrage « La magie de la politesse » ? Pour quelle raison vous être emparée de ce sujet ?
Le sous-titre du livre est « Ou comment les bonnes manières rendent heureux ». Je suis convaincue que la façon que l’on a de véhiculer ou déambuler dans la vie induit ce qu’elle nous renvoie. Quand on considère les gens avec politesse et gentillesse on reçoit beaucoup plus que ce que l’on donne. C’est de cette manière que nous génèrerons plus facilement du bonheur. J’y crois très profondément. À travers ce livre, j’ai voulu écrire un manuel de savoir vivre sur les bonnes manières avec un regard contemporain et plus actualisé sur la vie moderne.
Considérez-vous que nous délaissons l’usage de la politesse et des bonnes manières ?
Un jour en allant chez le médecin, j’ai entendu une patiente remercier la femme de l’accueil. Elle disait à quel point elle avait apprécié sa gentillesse, en rajoutant que « plus personne ne l’était aujourd’hui, que l’on perdait les bonnes manières ». Bien sûr ce n’est qu’un ressenti, mais ce qui est sûr c’est que pour plein de raisons, nous ne prenons plus le temps de perdre du temps pour être polis. La notion de temps est très importante. Ça prend un peu de temps de tenir une porte, de dire bonjour en regardant dans les yeux ou même de serrer une main. Or, aujourd’hui, beaucoup ont seulement l’impression de perdre du temps en faisant cela. Je pense que l’on est tous moins à l’écoute, moins délicats et moins polis que l’on a pu l’être par le passé.
Pourquoi selon vous ?
C’est polymorphe. Notre contexte économique et social assez anxiogène, certes. Mais surtout, nous évoluons dans un monde ultra connecté, rapide, où nous ne sommes plus habitués à la frustration. L’immédiateté absolue, la frénésie totale des contenus que nous consommons, ont effacé la frustration mais également le goût de l’effort. Mais pour moi c’est une route sans issue. C’est mon point : en prenant du temps, on finit par aller plus vite. Il y a tout un paradigme à revoir que la politesse et les petits gestes du quotidien incarnent.
La politesse, l’empathie et l’ouverture d’esprit ont-elles leur place dans le monde du travail ?
On pourrait considérer que l’entreprise n’a rien à voir avec le sujet, que donner la parole à un collaborateur ferait plus perdre du temps qu’autre chose. Mais cela peut surtout lever une frustration. Un travailleur à qui on impose quelque chose va y mettre de la mauvaise volonté et donc perdre du temps et mettre dans l’engrenage de la productivité de l’entreprise une énergie négative. Alors qu’une personne qu’on a pris le temps de mettre dans le sens du projet va le faire accélérer. Ce mécanisme-là, on le retrouve partout. Mais c’est souvent encore plus simple que cela. Prenez le principe de hiérarchie par exemple : si le patron se comporte mal, tout le monde se comporte mal. Croire que ça fonctionne quand on néglige ses collègues ou employés, c’est fantasmer une vie d’entreprise. L’écoute apporte, paradoxalement, bien plus de réponses qu’un ordre. La politesse change les rapports humains en un retour d’efficacité. La plus grande erreur est de croire que la gentillesse est solidaire de l’incompétence. Nous ne devons pas perdre les relations interpersonnelles. Arriver le matin, faire le tour de tous les collaborateurs et discuter avec chacun, ce n’est pas grand-chose en fait. Mais on en sous-estime les effets de l’attention, de la politesse. Elles irradient partout car elles sont la concrétisation de la reconnaissance dont beaucoup de collaborateurs manquent aujourd’hui.
En savoir plus :
Site internet de Florence Cane
Extrait du livre « La magie de la politesse »
Crédit photo : Stéphane de Bourgies