Qu’est-ce que l’hyperconnexion ?
L’hyperconnexion se traduit, au travail, par des sollicitations numériques qui inondent aujourd’hui les activités professionnelles. Nous avons assisté en quelques années à la multiplication des réunions en visioconférences ou encore à l’explosion du nombre de mails échangés entre collaborateurs. Le rapport Microsoft précise par exemple qu’en moyenne, nous recevons 150 mails par jour. Mais même si l’on en parle récemment pour le travail, l’hyperconnexion n’est pas un sujet nouveau. Même les jeunes y sont confrontés de nos jours.
Quelles conséquences sont causées par l’hyperconnexion ?
La première difficulté est que c’est un mal exponentiel. Pour être honnête, nous avons sous évalué les conséquences que ça générait. En fait, la connexion devient un piège, une addiction. Notre société est dépendante du numérique, le monde du travail également. Et dans ce cadre, la trop grande sollicitation (à distance, en week-end ou même le soir) rend opaque ce qui relève de la sphère privée et professionnelle. Souvent le matin notre premier réflexe est de vérifier nos notifications, d’autant plus si elles sont professionnelles. C’est un cercle vicieux. Les études montrent qu’en vacances les gens continuent de regarder leurs mails, pour des raisons diverses. Les risques, sur le long terme, sont donc assez nombreux, et liés aux risques psychosociaux : épuisement professionnel, usure mentale, hyper interprétation, ambigüités des relations de travail, stress, surcharge, anxiété, burnout… Nous considérons que c’est un enjeu de société.
Qui peut agir sur le lieu de travail ?
Notre rôle est de prévenir les entreprises, de les alerter. Finalement, le sujet de la déconnexion arrive très vite sur la table. Car même si la déconnexion a été inscrite dans le droit du travail en 2017, en pratique, l’on voit bien que ce n’est pas toujours appliqué. L’entreprise a donc un rôle à jouer dans la prévention de l’hyperconnexion. Je rappellerais une exemplarité managériale. Quand un manager vous envoie un mail à 22 heures ou en week-end (sauf exceptions horaires), il y a des questions à se poser. Un gros travail de responsabilité est à effectuer de la part de l’entreprise. Nous sommes encore sur ce rythme du travail pressé, de la performance absolue. Or ce ne sont pas des bons signaux.
Vous appelez les entreprises à mieux encadrer leurs usages numériques. Comment ?
La gestion automatisée ou standardisée des mails, comme suggéré dans l’étude de Microsoft, ne règlera pas tout. C’est à l’entreprise, aux responsables, d’aider les salariés dans le cadre de la prévention des risques. On ne peut pas culpabiliser les travailleurs par rapport à leur seule organisation. Il faut avoir une approche systémique. C’est un enjeu de régulation sociale, managériale et culturelle. Une bonne chose serait d’analyser la charge de travail dans les diagnostics psychosociaux, par des questionnaires. C’est de la prévention primaire qui permet de parler du sujet. L’important est d’interroger les salariés sur leurs perceptions de ce sujet, sur leur expérience de travail. Ensuite, il faut se former sur des bonnes pratiques, des responsables au service informatique, sur les gestes à éviter également. Enfin, il serait judicieux de sensibiliser les travailleurs sur leur propre hyperconnexion pour qu’ils puissent prendre du recul. Les employeurs et managers doivent innover dans ce domaine. Ils ont la clé.
En savoir plus :
- Site internet de la FIRPS
- Les guides des « bonnes pratiques » de la FIRPS
- Rapport Microsoft 2025