Qu’est-ce qu’un bilan de compétences ?
Le bilan de compétences est encadré par la loi. Il permet à toute
personne, salariée, demandeuse d’emploi ou indépendante de
réfléchir à son projet professionnel. L’objectif initial c’est de
définir un projet professionnel et un plan d’action pour le
mettre en œuvre. On en compte 150 000 par an environ. Le bilan
s’est démocratisé sur les dernières années et est aujourd’hui
assez répandu.
Pourquoi avoir voulu braquer les projecteurs sur ce
dispositif ?
Nous travaillons sur le sujet depuis fin 2022 avec Asterès, qui
évalue les politiques publiques. Avec cette étude, nous voulions
évaluer l’impact du bilan de compétences en tant que politique
publique, savoir quelle était la réelle utilité de ce dispositif.
C’est la première étude qui a été menée sur le sujet.
Quels résultats marquants ressortent de ce travail
d’analyse ?
Pour évaluer le bilan de compétences, nous avons choisi des
variables spécifiques, dites psychosociales : le niveau
satisfaction professionnelle (+ 75 %), le niveau de stress (- 22
%), l’adéquation emploi compétences (+ 17 %), l’accord entre
emploi/valeurs (+ 56 %) et enfin l’estime de soi (+48 %). Il
ressort donc de l’étude que chacune des variables s’est accrue de
façon assez étonnante. Les effets sont très forts. Les personnes
qui font un bilan de compétences sont souvent en situation de mal
être, de l’inconfort au burnout. Le bilan de compétences a donc
un impact bénéfique sur le bien être des travailleurs. C’est un
véritable outil de prévention des risques psychosociaux.
Ce dispositif fait également office de soutien
psychologique ?
Si c’est un outil d’orientation professionnelle, il revêt aussi
une dimension formative. En faisant un bilan de compétences, on
apprend des choses sur soi (ses talents, sa personnalité, ses
valeurs) mais aussi sur les autres. On porte un autre regard sur
la personnalité et les besoins des autres, collègues ou
supérieurs notamment. On entre dans un autre schéma de
comportement, dans une autre relation à son travail et aux
autres. L’on pourrait penser qu’il signe la fin de quelque chose
mais c’est en réalité le début d’une nouvelle condition
professionnelle. Enfin, il revêt surtout une dimension de soutien
psychologique. Lors de ce bilan, qui dure entre 4 et 6 mois, il y
a un réel accompagnement. En face de lui, le travailleur a
quelqu’un qui l’écoute, qui le comprend, qui le soutient.
L’entreprise a-t-elle intérêt à encourager le bilan de
compétences ?
Les variables psychosociales ont été traduites par Asterès en
bienfaits économiques. Car il est désormais établi que la
satisfaction professionnelle est corrélée à la productivité. Pour
chaque bilan de compétences, le gain pour l’entreprise se situe
entre 15 000 et 27 000 euros par an. Concernant l’absentéisme,
jusqu’à 19 jours par an sont gagnés. Car une personne qui fait un
bilan de compétences fait face à deux choix : démissionner ou
arrêt maladie. Cela représente, en moyenne, 462 euros d’indemnité
journalière économisée par l’Assurance maladie.