Expliquez-nous votre rapport avec les nouvelles technologies et l’intelligence artificielle ?
 

J’ai un parcours opérationnel et un parcours managérial assez riches qui m’ont permis d’appréhender les nouvelles techniques. En tant qu’ancien informaticien, je possède une certaine expérience et un recul important sur les évolutions technologiques dans le monde du travail.

 

 

En quoi l’IA représente-t-elle un enjeu majeur pour le monde professionnel ?

 

Le monde du travail a deux enjeux aujourd’hui : la sécurité psychologique et la santé mentale ainsi que l’IA autonome. Nous pensons son impact et faisons le lien au travers des entreprises que nous accompagnons. Le constat est connu : 50 à 80 % des emplois vont être transformés par l’IA d’ici 2030. Ce n’est pas seulement une évolution paramétrique, c’est une révolution. L’IA va être transformationnelle au même titre qu’internet dans les années 1980. Il va y avoir un redéploiement des compétences, une véritable redistribution des cartes. L’essentiel sera d’appréhender la conduite du changement pour ne pas laisser les gens de côté, d’accompagner cette IA à l’intérieur en mesurant les peurs sous-jacentes qui seront nécessairement là.

 

 

Quelle est la bonne façon d’appréhender cette transition ?

 

Je pense que, comme toutes les conduites du changement, il faut y aller lentement et mettre en place des programmes d’accompagnement à l’approche IA. C’est-à-dire expliquer ce qu’est cette technologie : qu’est-ce que l’IA générative ? Argentique ? Vulgariser le lexique et le vocabulaire etc. Nous conseillons de mettre en place des approches de formation, d’information, d’initiation et de sensibilisation pour comprendre ce qu’est, l’autre, l’IA, pour que les effectifs l’appréhendent. En somme, faire de l’autre un copain.

 

 

En cas d’oppositions, comment réussir à intégrer l’IA dans son entreprise ?

 

On le sait, c’est inévitable. Lors d’un moment de gros changement, il y à à peu près 50-50 entre les pro mouvants et ceux qui entreront en résistance. L’idée, avec l’IA, c’est de dépasser le « quoi » pour aller vers le « pourquoi ? ». Pour quelle raison hésitons-nous à se servir de cette technologie dans l’entreprise ?  Malheureusement, beaucoup de dirigeants oublient cet aspect dans leur sensibilisation. Si le travailleur ne sait pas pourquoi il l’utilise, il va émettre des résistances. Des solutions existent, comme nommer des ambassadeurs et mentors qui accompagnent les collaborateurs ou mettre en place des sessions de coaching pour travailler sur ces peurs et blocages. 

 

 

L’on a tendance à diaboliser l’IA, possède-t-elle des avantages pour les collaborateurs ?

 

Bien sûr, il y aura des bénéfices nets à en tirer, pour tout le monde : se sentir mieux dans son travail, en tirer du profit financier etc. L’idée c’est d’y aller pas à pas. C’est la vraie réflexion RH d’aujourd’hui, il faut présenter le changement et développer les compétences comportementales associées. Nous conseillons d’expliquer rapidement en quoi l’intégration de l’IA débloquera de nouvelles possibilités au sein de l’entreprise, car on n’est pas encore capable de totalement remplacer le cerveau humain. Par exemple, l’IA permet de gagner une à deux heures grâce à tous les outils qui existent déjà. Que faire de ces deux heures ? À vous de voir, mais la partie éthique et déontologique seront cruciales. Tout est à inventer à l’intérieur de cet espace. 

 

 

Est-ce dans l’intérêt des entreprises de s’emparer du sujet de l’IA dès aujourd’hui ? 

 

Si une entreprise chute, c’est qu’elle a eu un problème de management ou d’encadrement. C’est que la direction n’a pas su implanter la conduite du changement appropriée et suivre par son agilité interne les capacités d’évolution au monde du travail aujourd’hui. L’intégration de l’IA sera révélatrice, comme pour internet ou le digital il y a quelques années. Cela doit être anticipé pour éviter une transition brutale et risquée pour tout le monde. 

 

 

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