Pourquoi vouloir aider les nouveaux agriculteurs à se
lancer ?
Au niveau de l’agriculture, nous sommes à un moment crucial. La
moitié des exploitants est en âge de partir à la retraite. Nous
risquons de perdre 200 000 exploitations agricoles d’ici 5 ans.
C’est un enjeu de souveraineté alimentaire. Nous voulons aider la
nouvelle génération à s’installer. D’autant qu’elle est, en
grande partie, adepte de méthodes agricoles plus vertueuses.
En quoi la plateforme La Grange peut leur être utile
?
Les deux tiers des nouvelles installations découlent de
reconversions. Mais le parcours d’installation est long. Beaucoup
se découragent, d’autres renoncent à essayer. Notre mission est
de les prendre par la main et de les porter. Sur La Grange, les
potentiels agriculteurs ont accès gratuitement à une galaxie
d’outils qui doit faciliter leur installation. Car à la ferme,
c’est dans une grange que sont rangés tous les équipements. Via
nos livres blancs et nos guides écrits, ils peuvent s’informer
sur les réalités de leur métier. Grâce à une cartographie des
fermes à vendre, des points d’intérêts (écoles, services) et à un
baromètre de prix, ils peuvent trouver où s’installer. Ils ont
aussi accès à un annuaire d’experts qui pourront les éclairer
ponctuellement sur des problématiques précises.
Le dispositif trouve-t-il de l’écho auprès des porteurs
de projets ?
Notre action est encore trop récente pour dresser un bilan. Mais
il y a un signe qui ne trompe pas. Nous avons un afflux continu
d’inscriptions. Nous avons dépassé les 2 000 membres, et espérons
atteindre les 20 000 membres d’ici la fin de l’année 2023. Nous
profitons des premiers retours pour affiner nos contenus et nos
outils.
Les néoagriculteurs peuvent subir la solitude après leur
lancement, ce qui peut nuire à leur santé psychologique. La
Grange peut-elle remédier à ce problème ?
Cela fait partie de difficultés peu visibles de l’agriculture.
Les agriculteurs qui s’installent se sentent souvent isolés.
Certaines briques de La Grange peuvent y remédier. Les
néoexploitants ont accès à une communauté, via un chat et des
forums en ligne, avec laquelle interagir et partager leurs
inquiétudes. Ils échangent avec l’équipe de FEVE mais aussi avec
leurs pairs. Ils peuvent également trouver des associés avec qui
s’installer, et ainsi réduire la pénibilité du travail et
l’isolement. Grâce à cela, nous avons déjà des exemples
d’agriculteurs qui arrivent plus sereins sur leur activité car
ils peuvent s’accorder des week-ends. Il ne faut pas l’oublier,
être agriculteur c’est aussi avoir une vie à côté.