Pouvez-vous présenter votre entreprise ? Quel est votre
secteur d’activité ?
Nous sommes une entreprise familiale, employant 35 personnes,
spécialisée dans la chaudronnerie industrielle. En tant que
sous-traitant, nous travaillons pour différents secteurs
d’activité : machine industrielle, armement, agroalimentaire.
Nous sommes donc multi-matériaux. Nous nous spécialisons
également dans la petite et moyenne série, pour produire des
pièces de plus en plus techniques, à forte valeur ajoutée.
Les métiers en lien avec le soudage connaissent néanmoins
une pénurie de main d’œuvre ?
Dans la chaudronnerie, cela fait 40 ans que nous avons un
problème d’effectif. Maintenant que notre domaine fonctionne de
manière segmentée, il y a un besoin à la découpe, au pliage, un
besoin de moteurs-soudeurs mais aussi d’usineurs. Or, cela fait
des décennies que l’Éducation nationale ne nous sort plus
personne. Nous en arrivons à un point où nos entreprises ne
peuvent plus progresser, car elles manquent de bras. C’est un
constat, c’est le mal chronique de notre époque. Nous essayons de
trouver des solutions pour attirer les jeunes, pour leur montrer
que cela reste un métier intéressant.
Vous semblez miser sur la robotique pour palier ce
manque, n’est-ce pas contreproductif ?
Nous ne sommes pas dans un marasme total car nous avons suivi
l’évolution technologique. Nous misons effectivement sur la
robotique, facile à programmer, et ce depuis les années Covid. En
l’absence de collaborateurs, nous avons mis des robots. Ces
machines mettent 5 minutes à être réglées, ça simplifie plusieurs
tâches de la chaîne de production. Et cela n’enlève pas du
travail au contraire. Cela nous a forcés à faire évoluer le
métier. Au fur et à mesure, nos travailleurs deviennent
simplement des soudeurs-roboticiens, des
manutentionnaires-roboticiens. Les robots deviennent les
compagnons des collaborateurs. Cette technologie, et surtout sa
maîtrise, créé une plus-value à ces postes, qui ont une longue
histoire. Nous travaillons depuis peu avec des jeunes ingénieurs,
en école. En dehors des cours, nous les invitons à travailler sur
nos robots, contre rétribution. Eux en profitent et nous
apprennent des choses sur la robotique. Ainsi, nous montons en
compétence.
Ce secteur, très ancien, doit donc changer de paradigme
pour attirer les talents ?
La robotisation illustre la modification de la culture
d’entreprise. Avant une entreprise du soudage était figée. Il y
avait des horaires et une façon de travailler très stricts.
Aujourd’hui, l’entreprise s’adapte à l’emploi du temps et aux
besoins des collaborateurs. Nous nous efforçons de rendre
agréable le travail au quotidien, c’est fondamental. Avant la vie
s’adaptait au travail, maintenant c’est l’inverse. Si on
s’adapte, le travailleur reste. En modernisant et en adaptant les
horaires et les postes, nous maintenons notre niveau d’activité
malgré ce problème de recrutement.