La nécessité de gestion des risques en France

DOSSIER
ORGANISATION DE LA PREVENTION || Management SST / 24/10/2013

Le métier de Risk Manager est apparu aux Etats-Unis dans les années 1950-60. Exporté en Angleterre avant d’atterrir en France il y a 10 ans sous la forme de gestionnaire des assurances, le métier s’est peu à peu tourné vers la gestion des risques.

Les risques à prendre en compte

Le référentiel comptable international, le Coso, a attribué en 2005 à la gestion des risques la définition de « gestion de tous les évènements pouvant affecter la bonne marche des entreprises », d’où une fonction transverse que l’on retrouve souvent sur plusieurs postes au sein d’une même société. La globalisation en est en grande partie responsable, tant les risques sont devenus nombreux et par conséquent plus difficiles à identifier.

Le Cabinet Ernst & Young définit le risque comme « la menace qu’un évènement, une action, ou une inaction affecte la capacité de l’entreprise à atteindre ses objectifs stratégiques et compromette la création de valeur ».

risk management - MondeTrois classifications des risques sont généralement utilisées :

  • par nature (économique, opérationnel, naturel, humain)
  • par les domaines qu’ils affectent (actifs financiers, conformité, opérationnel)
  • par niveaux (macroéconomique, mésoéconomique et microéconomique)

L’enquête « Global Risk Management Survey » menée par la société Aon Risk Solutions révèle le classement des risques selon les entreprises (voir ci-dessous). Cette étude permet de connaître les risques perçus par les entreprises comparés aux risques prévus.


Ce classement révèle ainsi qu’une partie des risques considérés comme importants par Aon ne sont pas pris en compte par les entreprises :


Il est certain que les risques les plus suivis aujourd’hui sont les risques industriels, les risques environnementaux et les risques de fraude.


Une mission pour le Risk Manager

risk management - statistiqueLe Risk Manager a pour tâche principale l’identification, l’analyse et la quantification des risques que peut subir l’entreprise d’un point de vue stratégique, financier et opérationnel. Conjointement à ces éléments, sa mission est également de convaincre sa direction des mesures à prendre pour les éviter et/ou couvrir ses risques. C’est donc généralement lui qui est en relation avec les compagnies d’assurance pour la couverture de ces risques.

David Hourtolou, directeur ingénierie chez FM Global : « la nécessité de mieux cartographier tous les risques dans l’entreprise, notamment avec l’évolution des réglementations en vigueur dans chaque pays du monde, fait que le métier de Risk Manager est de plus en plus pointu ». Pour mener à bien cette mission de cartographie des risques, des qualités humaines et managériales sont nécessaires de manière à s’entourer de ressources pertinentes et à parvenir à convaincre sa hiérarchie.

Le métier a connu une ascension fulgurante ces dernières années pour devenir aujourd’hui un poste stratégique et intégré. Le baromètre du Risk Manager 2009 réalisé par l’AMRAE (Association pour le management des risques et des assurances de l’entreprise) soulignait que 74% des Directeurs Financiers attribuaient à la gestion des risques une priorité absolue. Le manque de prise en compte de certains risques comme les risques naturels a démontré que les entreprises n’avaient pas conscience de tous les risques les entourant. C’est à l’occasion du baromètre de 2011 que l’on s’est rendu compte de la reconnaissance de ce métier. Ses compétences se sont élargies, intégrant à présent la gestion des sinistres, l’identification et l’évaluation des risques ainsi que l’analyse des risques transverses, la participation aux audits d’acquisition ou même l’élaboration des plans de continuité d’activité. Cet engouement pour cette fonction également appelée « direction de la gestion des risques » est, d’après le baromètre du Risk Manager effectué en 2013, sans doute la résultante de la conjoncture économique.

Malgré tout, leur importance dans les décisions stratégiques des entreprises n’est pas encore largement reconnue. En effet, quasiment 60 % des Risk Managers sont absents des Comités opérationnels des risques et entre 80 et 90 % d’entre eux ne sont ni invités à assister aux comités stratégiques ni conviés aux comités des investissements.

Un métier en mutation

Naturellement, la culture du risque est bien plus développée au sein des grandes entreprises. Cela s’explique en partie par le fait que les entreprises des secteurs autrefois dits « à risque » possédaient généralement une taille conséquente. Parmi ces secteurs, on trouvait les industries nucléaire, maritime, chimique ou encore l’aéronautique. Depuis quelques années, la crise économique aidant sûrement, la fonction de Risk Manager s’est étendue à tous les secteurs. Au-delà de la taille de l’entreprise, c’est donc son activité et la réglementation qui lui est applicable qui vont influencer son niveau de culture du risque. Le baromètre du Risk Manager 2013 révèle d’ailleurs que les effectifs de Risk Managers sont en hausse dans les structures de taille moyenne.

Un deuxième élément structurel de cette fonction est également en train de changer. Dans les grands groupes, la fonction de Risk Manager était historiquement en concurrence avec les deux autres fonctions en charge de la maîtrise des risques : l’audit interne et le contrôle interne. Les baromètres successifs depuis 2009 démontrent que cette tendance est en constante baisse et il s’avère que les Risk Managers envisagent même une évolution de leur carrière vers la « Compliance « ou vers les directions d’audit et de contrôle interne.

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