Suicides à Areva la Hague : l’Etat met en demeure la direction d’agir
"Taux
de fréquence des suicides" des salariés du site "trois
fois supérieur à la moyenne de la Manche"… C’est
le chef de la santé au travail de Areva NC La Hague qui le souligne
dans le rapport d’activités 2011 de l’établissement.
"L'état de la santé mentale des salariés se
dégrade de façon accélérée depuis deux
ans", ajoute-t’il.
Ces derniers mois, les syndicats avaient averti à plusieurs reprises
que l'usine, où Areva emploie directement 3.000 personnes, et qui
concentre la plus grande quantité de matière radioactive
en Europe, connaissait un nombre préoccupant de suicides de salariés,
chez eux dans la plupart des cas.
L'unité territoriale de la Manche de la DIRECCTE a donc mis en
demeure la direction par courrier transmis au CHS le 8 octobre de mettre
en place « un plan d’action permettant l’évaluation
et la maîtrise de la charge mentale et physique de travail »
La sûreté des installations menacée ?
Le texte invoque des "risques pour la sûreté des installations".
"Les éléments présentés démontrent
l'importance de la charge mentale et physique pour certains salariés
qui génèrent des risques pour leur santé et leur
sécurité et des risques pour la sûreté des
installations", écrit Mme Lesdos, directrice de l’Unité
Territoriale de la Manche de la DIRECCTE.
"Un volume d'heures supplémentaires conséquent a été
déclaré en 2011 par des salariés non cadres du service
dans lequel un salarié non cadre s'est suicidé en janvier",
relève encore la direction du travail.
L’Etat demande donc en outre à Areva La Hague de "ramener
la durée du travail sur site et hors site du personnel aux limites
maximales légales" et de "mettre en place un système
d'enregistrement automatique du début et de la fin de chaque période
de travail".
La réponse d’AREVA
Par communiqué de presse en date du 17 octobre 2012, la direction
d’AREVA se défend et indique que l’établissement
de la Hague a engagé dès 2004 un plan d’action préventif
des risques sociaux. Par ailleurs, pour mesurer le risque de stress au
travail, un cabinet spécialisé STIMULUS avait été
mandaté en 2010 pour mener une étude qui montre que «
les résultats de l’établissement de la Hague sont
meilleurs que ceux de son panel de référence en matière
de stress au travail »
A la suite de cette mise en demeure, la direction d’AREVA confirme
qu’elle va prendre contact avec les organisations syndicales afin
d’envisager la renégociation de l’accord sur le temps
de travail qui a été signé en 2000.