A quand l’organisation apprenante ?
Le billet d'humeur du mois de novembre de Stéphanie Carpentier - Experte en Management des Ressources Humaines et Prévention en Santé au travail.
Dans un précédent billet, j’ai eu l’occasion de rappeler combien la plupart des collectifs de travail sont fragilisés par la financiarisation de l’économie, l’individualisation des performances, la primauté de l’individu sur le collectif, la logique des relations purement contractuelles acceptées par l’adhésion volontaire à un projet partagé. Or ce sont autant de facteurs qui affectent considérablement notre qualité de vie individuelle et collective. Ce constat m’amenait à proposer une piste de QVCT : la communauté retrouvée favorisée par ce que des chercheurs français appellent la « sociétalisation », autrement dit le retour d’une entreprise pensée comme une communauté de travail permettant à chacun de trouver sa place, du sens à son travail et de s’y épanouir en favorisant son inscription dans la durée.
Une autre piste de QVCT, complémentaire, serait de proposer la réintroduction ou le renforcement des liens des proximités physiques (rendues plus difficiles par le numérique et le distanciel) par le développement d’affinités de collaborations professionnelles ainsi que le retour des espaces de délibération constitutives des collectivités professionnelles vivantes. Or ce sont deux éléments au cœur même de l’entreprise apprenante.
L’entreprise apprenante se fonde selon Peter Senge (directeur du Center for Organizational Learning du MIT Sloan School of Management) sur cinq principes généraux et fondamentaux qui permettent de déclencher une dynamique d’apprentissage généralisée à l’intérieur des organisations :
- la maîtrise personnelle (consistant à clarifier son approche de la réalité par une dynamique d’auto-apprentissage fondée sur le développement personnel et professionnel),
- les modèles mentaux (il s’agit de découvrir et analyser ses représentations du monde et d’apprendre à se défaire de ses préjugés),
- la vision partagée (permettant, si elle est authentique, l’engagement et l’adhésion de chacun plutôt que la conformité),
- l'apprentissage en équipe (pour favoriser la réflexion collective par le dialogue)
- et la pensée systémique (la cinquième discipline, pour appréhender la complexité des phénomènes comportementaux, organisationnels, sociaux, sociétaux et économiques dans leur globalité).
Ces principes sont autant d’atouts pour évoluer dans un environnement BANI (Brittle, Anxious, Nonlinear, Incomprehensible). Ils permettent également de favoriser une meilleure qualité de vie et des conditions de travail. Où en est donc votre organisation apprenante ?
Pour aller plus loin :
- P. Senge (2016), La cinquième discipline : Levier des organisations apprenantes, Editions Eyrolles.