L’Olympisme permet à une société de vibrer autour de ses champions auréolés du drapeau et de l’hymne national et de se sentir soudée. Une fois la parenthèse enchantée refermée, retour à la réalité, y compris au travail, et force est de constater ici ou là que ce sens du commun, du partagé, est effrité, voire n’est pas ou pire, n’est plus. Or, dans la sphère professionnelle, cela affecte considérablement notre qualité de vie individuelle et collective. 

La financiarisation de l’économie, l’individualisation des performances, la primauté de l’individu sur le collectif, la logique des relations purement contractuelles acceptées par l’adhésion volontaire à un projet partagé ont en effet fragilisé la plupart des collectifs de travail dans les organisations. L’organisation du travail pensée en termes d’activités et de tâches conçues indépendamment de qui les réalisent aussi. Dès lors, les collaborateurs rendus responsables de leur employabilité par le développement accru de leurs compétences se sentent libres de rejoindre ou de quitter une entreprise s’ils ne trouvent plus de sens à ce qu’ils vivent au travail. Les organisations s’en trouvent donc profondément bouleversées et les préventeurs, managers et dirigeants sont encore plus sollicités pour développer une qualité de vie au travail tant recherchée.

Une piste de QVCT peut néanmoins être envisagée : à ce commun ôté peut répondre la communauté retrouvée. Ce phénomène correspond à ce que des chercheurs français appellent la « sociétalisation ». Dans cette logique touchant certaines entreprises, c’est la communauté qui prévaut, autrement dit des relations sociales stables déterminant l’identité de ses membres du fait même qu’ils font partie de ce collectif. La communauté suppose néanmoins une culture d’entreprise, une histoire partagée et une solidarité entre les collaborateurs suffisantes pour nourrir le collectif de travail et ainsi l’identité de chacun au travail. Elle suppose aussi de s’inscrire dans le long terme et d’imposer une division du travail où il existe une « hiérarchie de compétences interconnectées (l’apprenti débutant, le compagnon expérimenté, le maître confirmé) » […] et des exigences partagées du « travail bien fait ». ». (Palpacuer, Taskin et Gomez, 2022).

Bref, l’entreprise pensée comme une communauté de travail permet à chacun de trouver sa place, du sens à son travail et de s’y épanouir en favorisant son inscription dans la durée. N’est-ce pas là la finalité même de la QVCT ?  

A bas le commun ôté ! Vive la communauté !

 

Pour aller plus loin : 

F. Palpacuer, L Taskin et P.-Y Gomez (Coord.) (2022), L’entreprise comme communauté, Nouvelle Cite