Même si Seayard est un opérateur bien connu,
pourriez-vous rapidement nous rappeler votre cœur de métier ainsi
que quelques chiffres-clés ?
Le métier de Seayard est la manutention portuaire, nous sommes
spécialisés dans le chargement et le déchargement des navires
porte-conteneurs.
Notre nouveau terminal, FOS2XL, s’étend sur 52 hectares à
Fos-sur-Mer, il comporte 860 mètres de quai et 5 portiques.
En 2013, nous avons traité environ 250 000 conteneurs.
Le trafic conteneurs sur le port de Fos a connu une
augmentation de presque 16% en 2012, quels sont les derniers
chiffres et les perspectives fixées par la nouvelle
direction.
Pour 2014, nous avons planifié une croissance saine de notre
trafic. Puis, nous allons continuer à monter en puissance pour
arriver à terme à un trafic de 600 000 conteneurs par an.
Pouvez-vous nous en dire plus sur votre démarche de
prévention des risques professionnels ?
C’est une progression continue, sur laquelle notre nouvelle
Direction et nos actionnaires sont très moteurs, car ils
possèdent une forte culture sécurité. Cela va de la formation des
dockers, via un organisme de formation paritaire l’IFMMP qui
fonctionne bien, jusqu’à une démarche systématique de
réduction des risques identifiés. Le CHSCT, le syndicat
des dockers et la CARSAT sont les principaux acteurs de cette
démarche en partenariat avec la Direction.
Vous avez récemment investi dans une nouvelle nacelle
pour faciliter les opérations de manutentions sur les
conteneurs lors du chargement ou déchargement de
navire : quelle a été votre démarche ? Quelle est
l’originalité de ce dispositif par rapport à ce qui existe
ailleurs ? Comment la CARSAT vous a-t-elle accompagné sur ce
projet ?
Cette nacelle est un bon exemple en effet : le risque
important représenté par les travaux en hauteur est identifié
depuis longtemps, et ce dans tous les ports du monde. Dans le
passé, les dockers étaient obligés de grimper en s’agrippant sur
les barres directement sur les conteneurs, dont certains peuvent
être situés à 15 mètres de hauteur !
Ensuite sont arrivées des nacelles élévatrices permettant aux
dockers d’accéder à chacun des conteneurs à bonne hauteur et en
toute sécurité. Mais comme chaque site est différent, ces
nacelles ne convenaient pas bien à notre hauteur de portique et
il était compliqué de les mettre en œuvre car elles entraînaient
d’autres risques.
En 2011, nous avons donc engagé une réflexion de fond et nous
avons travaillé nous-mêmes sur des plans qui ont été dessinés
sur-mesure, en coopération avec les représentants des dockers et
la CARSAT. Nous sommes arrivés à un prototype en 2012, qui a
ensuite été modifié pour parvenir à une nacelle pleinement
opérationnelle et adaptée à nos besoins en 2013.
Quel a été l’élément déclencheur pour mettre en place ce
projet ? Quels en sont les
objectifs ?
Parmi les principaux risques identifiés, nous avions bien avancé
sur les risques de circulation grâce à la séparation et à
la sécurisation des flux sur le terminal. En revanche,
le risque représenté par les travaux en hauteur n’était pas
acceptable : notre objectif était donc de les sécuriser. Les
dockers travaillent désormais à bonne hauteur de chaque
conteneur, derrière un garde-corps et avec un harnais. Nous
bénéficions maintenant d’une solution adaptée à notre terminal.
Quelles sont les avancées ? Les éléments à renforcer
ou à améliorer ?
SEAYARD : La majeure partie du risque est supprimée. Il
reste cependant un obstacle : le temps nécessaire pour
disposer de la nacelle selon l’emplacement du navire à charger ou
à décharger. Nous allons être livrés d’ici 3 semaines d’une
deuxième nacelle, et à terme, il y en aura une par portique, ce
qui réduira les temps de mise en œuvre. Cette même nacelle a
également été retenue par Eurofos, qui est l’autre opérateur sur
Fos.
Il ne restera plus qu’à systématiser l’utilisation de ces
nacelles pour chaque opération de manutention et à renforcer la
formation des 500 dockers. Les modules de formation
dédiés à la nacelle sont d’ores et déjà
opérationnels et intégrés aux cursus de formation
continue depuis 2013 après ceux de la formation
initiale.
Avez-vous d’autres projets en cours qui concernent une
meilleure protection des salariés et la prévention des
risques ?
Nous souhaitons régler les quelques cas très minoritaires où nous
ne pouvons pas utiliser la nacelle, notamment pour les conteneurs
flats avec des colis de grandes dimensions. Une solution de
substitution est en cours de recherche.
Nous avons aussi un projet en cours concernant
l’évacuation des conducteurs d’engins en cas
d’urgence.
La prévention des risques professionnels est un travail
au quotidien. Nous avons donc recruté en 2013 une
responsable QSHE à temps plein. Nous sommes également en lien
avec un conseiller technique chez chacun de nos deux principaux
actionnaires : ils nous permettent de généraliser
les bonnes pratiques existantes et de les faire
évoluer.
Dans le même esprit, soulignons l’existence d’un groupe de
travail dédié à ces questions, au sein duquel nous travaillons
avec nos confrères d’Eurofos et le syndicat des dockers :
nous avançons tous dans la même direction.