Quelles questions se poser pour concevoir un système de
contrôle d’accès efficace ?
Les évolutions techniques ont été considérables et se sont
accélérées ces dernières années, on assiste à une véritable
course à la technologie avec des systèmes de plus en plus
sophistiqués mais qui peuvent se révéler très pesants pour ceux
qui les utilisent.
La question de l’adhésion des salariés est primordiale. J’ai
connu des entreprises où la mise en œuvre d’un système de
contrôle d’accès avait déclenché des dégradations très
importantes du climat social. Le système dans sa globalité doit
être accepté par les salariés et pose des questions sur une juste
évaluation des bâtiments, pièces ou données sensibles de
l’entreprise, des implications en termes d’apprentissage et de
temps passé pour les salariés et de protection des données
personnelles.
Concrètement, quels paramètres prendre en
compte ?
La conception d’un système de contrôle d’accès résulte du
croisement de multiples flux.
Il faut d’abord se poser la question du « qui » :
qui entre dans le périmètre du contrôle d’accès : les
salariés, les visiteurs, les intérimaires, les stagiaires… Et
puis se pose la question du « où » : est-ce
l’accès à l’ensemble du site qui doit être contrôlé, ou seulement
certains bâtiments, certaines pièces, voire certains
matériels ? On peut ainsi augmenter la sophistication du
contrôle au fur et à mesure où l’on progresse vers les données
sensibles de l’entreprise.
Ensuite, arrive la question du « quand » : le site
est-il accessible seulement durant les horaires de travail, le
soir ou le week-end également, la réponse à ces questions va
dépendre de l’activité de l’entreprise et du profil de ses
salariés.
C’est seulement après avoir réfléchi à toutes ces questions que
l’on va arriver au « comment » et au choix d’une
solution technique entre les trois grandes familles de systèmes
de contrôle d’accès : le contrôle par badge, le contrôle par
code et le contrôle biométrique.
Justement, que pensez-vous du développement de la
biométrie ?
Je suis assez réservé sur une généralisation trop étendue du
contrôle biométrique, technologie très performante et
innovante.
Le contrôle biométrique touche à la personne elle-même et doit
nous interpeller quant à ses conséquences.
La CNIL est d’ailleurs très attentive à la détention de fichiers
informatiques contenant des données personnelles, une
autorisation a été récemment refusée par la CNIL pour la mise en
place d’un contrôle d’accès à la cantine reposant sur la lecture
des empreintes digitales, le système a été jugé démesuré par
rapport à la protection qu’il était censé mettre en place.
Le contrôle biométrique peut être problématique en cas de vol de
données, autant je peux faire refaire mon badge ou changer les
codes s’ils ont été piratés, autant je ne peux ni faire refaire
mes empreintes digitales ni mon empreinte rétinienne s’ils ont
été usurpés.
Les contrôles biométriques peuvent être en outre souvent mal
jugés et acceptés par les salariés car ils nécessitent un temps
d’apprentissage et un temps de traitement plus long pouvant
générer du stress dès l’arrivée sur le lieu de travail. Il faut
donc bien analyser l’adéquation entre le niveau de sécurité
requis et le contrôle mis en œuvre au regard des inconvénients
qu’il suscite.
Vous soulignez également l’importance du
« après », que voulez-vous dire ?
J’ai pu observer par exemple des systèmes de contrôle d’accès
hyper-sophistiqués ouvrant une porte avec une simple gâche
électrique qui pouvait être forcée avec un pied de biche. Encore
une fois, il faut une adéquation entre le niveau de sécurité du
contrôle et la résistance de l’accès lui-même.
Le système de contrôle d’accès doit prendre en compte l’aspect de
l’identification de celui qui sollicite l’accès, mais également
la résistance mécanique de l’obstacle et la résistance à la
fraude. Cette fraude peut s’exprimer par une porte tenue
obligeamment ouverte pour laisser passer quelqu’un, ou
frauduleusement déverrouillée pour permettre un passage
ultérieur, lorsque les locaux seront déserts.
A quelles évolutions dans les systèmes de contrôle
d’accès faut-il s’attendre ?
Pour répondre à la problématique de l’accès aux systèmes
d’information, je crois beaucoup au développement de badges qui
permettent au salarié d’accéder aussi bien au bâtiment et à la
cantine que d’activer l’accès à l’ordinateur ou l’impression de
ses documents, une fois qu’il est arrivé près de
l’imprimante.
Par ailleurs, nous devrions assister à une interconnexion de plus
en plus grande entre les différents systèmes de contrôle d’accès
et d’anti-intrusion, ou la reconnaissance automatique par
vidéosurveillance par exemple.
En savoir plus
- Site internet du CNPP
- Recueil du colloque CNPP "Contrôle des accès : comment faire les bons choix ?" du 22 novembre 2012
- Référentiel CNPP APSAD D83 - Contrôle d’accès, nov. 2012