Depuis quand vous intéressez-vous à la médiation professionnelle ?
J’ai fait partie de ceux qui, dès 1999, ont initié la médiation professionnelle à contrecourant, notamment en créant le Certificat d’aptitude à la profession de médiateur. À l’époque, peu de gens croyaient que ce « rôle » pourrait devenir un métier. Et pourtant j’en avais l’intuition, l’intime conviction, nous nous dirigions vers une société qui communique de plus en plus et créé paradoxalement plus de frustrations. Ayant bien en tête qu’il faut toujours des intermédiaires pour faciliter ce qui peut s’améliorer, j’étais convaincu qu’il y allait y avoir une évolution de ces pratiques professionnelles en internet.
Comment définiriez-vous ce concept de médiation ?
Techniquement, la notion de « médiation » existe depuis 1957 dans le Code du travail. Mais alors, le principe était plutôt de faire de la conciliation. Aujourd’hui encore, nous avons encore de la confusion à ce niveau. Selon moi, un médiateur est un facilitateur de concertation. C’est une personne salariée d’une entreprise ou intervenante indépendante qui fait de l’accompagnement de projet relationnel au sein d’une organisation. Bien sûr sa mission prépondérante est souvent la résolution de problématiques interpersonnelles, mais la médiation ce n’est pas seulement de la gestion de conflits. Cela peut être aussi une approche d’accompagnement individuel, l’accompagnement de projets organisationnels ou même la gestion de problèmes administratifs. Tous les secteurs et tous les domaines d’activité peuvent être concernés. Mais attention, il ne faut pas non plus confondre avec de l’arbitrage. Là où la médiation se différencie des autres formes de concertations, c’est grâce au concept fort de qualité relationnelle. L’idée est de voir la relation humaine comme un potentiel de développement, de performance et de créativité. Un médiateur ne conseille pas plus qu’il ne recommande. Il aide à réfléchir, à structurer la pensée et à structurer les relations. Il promeut la liberté de décision grâce à des processus structurés et structurants. La médiation, c’est une tonalité, un état d’esprit.
Depuis le début du XXIe siècle, sentez-vous une popularité grandissante de cette pratique ?
Il est clair que, de nos jours, il y a de plus en plus de médiation en application dans les organisations. Au début, quand on faisait appel à moi, les DRH me disaient que je prenais leur travail, les syndicats que j’empiétais sur leur champ de compétences. Mais aujourd’hui, ils font plus appel à nous car ils ont compris que cela n’était pas leur rôle. Les acteurs du dialogue de l’entreprise ont compris l’intérêt de faire appel à un tiers extérieur ou même de promouvoir en interne la médiation.
Mais alors, quels sont les bienfaits de la médiation professionnelle ?
Si je le pouvais la rendre obligatoire dans toute entreprise, je le ferais. Car la médiation aide les personnes à prendre de libres décisions. En faisant appel à des médiateurs formés, qualifiés et certifiés, les responsables d’organisations s’ouvrent à de nouvelles pratiques managériales qui sortent du rapport de force classique et se confrontent à un référentiel de qualité relationnelle venant de l’extérieur. C’est ainsi que l’on trouve bien souvent des solutions à ses problèmes.
En savoir plus :
- Site internet de l’École professionnelle de la médiation et de la négociation
- Découvrir le Symposium de la Médiation professionnelle
- L’EPMN aux wébinaires de Préventica