La fragilisation des salariés devenus parents est-elle
une réalité du monde professionnelle ?
Depuis 2020, les entreprises ont pris conscience de la fragilité
de la situation des parents salariés, grâce à des audits ou des
enquêtes. Ils sont arrivés à mettre le doigt sur les points de
friction. Il y a eu une prise de conscience alors qu’avant,
évoquer ces sujets au travail était perçu comme de l’ingérence.
Pour rappel, près d’un salarié sur trois est en situation de
fragilité psychologique et ce chiffre monte à un sur deux pour
les parents.
Les pères et les mères ont-ils la même pression vis-à-vis
de la parentalité ?
Balayons les idées reçue, ce n’est plus les méchants papas qui
veulent en faire moins possible par rapport aux mamans qui font
le maximum pour la vie de famille. Aujourd’hui, on tendrait vers
l’équilibre. Les nouveaux pères, spontanément, ont envie de
s’impliquer dans leurs responsabilités familiales.
Malheureusement, ils subissent encore de la pression culturelle,
et même de l’ironie au travail. À l’inverse, des mères assument
leur volonté de tenir leur engagement professionnel malgré la
parentalité, et sont jugées pour cela. Il faut savoir néanmoins
que la charge parentale est plus lourde pour les femmes : 82 %
des situations de familles monoparentales concernent des femmes.
Les mères sont en flux tendu et ont peu de temps pour elles.
C’est culturel, structurel. À nous de trouver un nouvel équilibre
pour s’installer dans une situation qui soit pérenne.
Que conseillez-vous aux entreprises pour s’extirper de
ces usages stéréotypés ?
Je leur conseille de former leurs managers à la parentalité. Une
fois que la prise de conscience survient, les choses commencent à
changer. Il est aussi possible de soutenir la formation par la
mise en place « d’ambassadeur parentalité » dans chaque équipe.
Nous proposons également des coachings aux pères et mères sur
deux mois, pour les aider en miroir (légitimer leur paternité
d’un côté, préserver leur leadership et trajectoires de carrières
de l’autre). Ces actions permettent de sensibiliser en
profondeur, à tous les niveaux de l’entreprise.
Lever le tabou des difficultés parentales, est-ce
efficace en entreprise ?
C’est important d’en parler en entreprise. Quand la hiérarchie
est au courant, des mesures adéquates peuvent être prises, comme
l’obligation de se déconnecter par exemple. Dès que nous lançons
une enquête sur la parentalité en entreprise, nous avons en
moyenne 30 à 40 % de parents qui nous remercient de traiter le
sujet. Ils sont très soulagés. Car, dans le fond, le sujet est
hyper joyeux. Ils ont un job, un enfant, tout pour être heureux.
Souvent il suffit juste d’un ajustement de temps ou de plus de
flexibilité pour qu’ils puissent avoir une vie beaucoup plus
agréable.