Vous êtes à titre personnel l’auteur d’un travail d’étude
sur la convergence entre sûreté et sécurité,
expliquez-nous…
En France, les pouvoirs publics ont historiquement imposé une
scission entre les missions de sécurité incendie et les missions
de sûreté, c’est-à-dire tout ce qui concerne la prévention de la
malveillance. La sécurité incendie est réglementée par la
Direction Générale de la Sécurité Civile et de la Gestion de
Crises qui a mis en place tout le dispositif des SSIAP, que je ne
remets absolument pas en question. En sûreté, c’est l’application
du Livre VI du Code de la sécurité intérieure qui s’impose (avec
la mise en place des cartes professionnelles).
Pour un exploitant d’IGH ou de certains types d’ERP, il est
interdit de confondre ces deux missions et le Service de Sécurité
Incendie doit être indépendant des missions de sûreté.
Aujourd’hui, il n’y a aucune étude factuelle permettant de mettre
en avant le rôle majeur de cette distinction en terme
d’efficacité par opposition aux pays n’appliquant pas ce type de
distinction. Elle a en outre un réel impact économique puisque la
sécurisation d’une tour à Paris coûte 20 à 30% plus cher que la
même tour à Munich. Paradoxe supplémentaire : cette
obligation n’existe pas dans les établissements Code du travail
où les deux fonctions sont, pour des raisons de pragmatisme
opérationnel et économique, confondues.
Des évolutions se dessinent actuellement avec la réforme du livre
VI du code de la Sécurité Intérieure mais nul ne peut dire
aujourd’hui quelles en seront les conséquences.
Mais je reste persuadé que la sécurité et la sûreté sont les deux
volets d’une même profession et qu’un rapprochement des deux ne
pourra être que bénéfique à l’ensemble de la profession, à
condition de veiller au respect de l’encadrement réglementaire
existant.
Présentez-nous ASIS France, association dont vous venez
de prendre la présidence
La particularité d’ASIS est son implantation très forte à
l’international qui nous donne accès à de nombreuses opportunités
en matière de coopération et de contacts.
Au-delà d’être un think tank, un lieu de réflexion et d’échanges
sur les grands enjeux et évolutions de la sûreté, ASIS se
positionne clairement sur trois axes.
En premier lieu, nous revendiquons d’être un réseau au service du
business, et ceci au niveau international grâce aux connexions
entre tous nos membres.
Par ailleurs, nous sommes reconnus comme organisme de
certification avec trois certificats : le CPP (Certified
Protection Professional), le PCI (Professional Certified
Investigator) et le PSP (Physical Security Professional). Cette
certification s’appuie sur un questionnaire commun à tous les
pays et valide ainsi un référentiel international de
connaissances en sûreté. De nombreuses entreprises
internationales reconnaissent ces certifications comme gages de
compétences.
Enfin, nous sommes présents dans des groupes de travail,
notamment en matière de normalisation pour faire entendre la voix
des professionnels de la sûreté.
Quels sont vos projets prioritaires pour ASIS en
2013 ?
Fin 2012, nous avons créé 2 conseils : le conseil des
« Young Professionals », destiné à favoriser
l’évolution de carrière des professionnels de la Sûreté de moins
de 40 ans et le conseil des « Women in Security » qui a
vocation à promouvoir la féminisation du secteur de la sécurité.
J’ai l’ambition de développer ces deux conseils tout au long de
l’année 2013.
Par ailleurs, nous continuerons nos échanges actifs avec la DISP
ainsi que les organisations professionnelles sur l’évolution des
formations en sécurité privée.
Et comme nous avions pu le faire en 2012 avec des diners débats
sur l’intelligence économique, l'organisation de grands
événements, le CNAPS, la situation sécuritaire en Afrique et la
protection de l'information, nous programmons en 2013 quelques
grands événements sur des questions d’actualité ayant trait à la
sûreté.
En savoir plus
- Présentation d’ASIS International
- Site internet d’ASIS International
- Adresse de contact
- Sûreté et Sécurité : deux métiers ou une profession ? – Cas d’étude par Eric Davoine, déc. 2012