Comment la charge de travail est-elle devenue l’une des
principales causes de mal-être au travail ?
Les problématiques de charges de travail sont devenues un sujet
de préoccupation croissant pour les DRH car aujourd’hui nous
sommes dans des environnements d’entreprises très mouvants. Les
restructurations et les réorganisations, petites ou grandes, ont
un impact immédiat sur la santé mentale des salariés et notamment
parce que ces changements d’organisation s’accompagnent de
nouvelles manières de travailler, de déplacement ou de
suppression d’effectifs, toutes causes qui sont des facteurs de
risques importants.
On a souvent à l’esprit que la surcharge de travail exerce une
pression mentale importante du fait du sentiment d’incapacité à
atteindre ses objectifs et d’une certaine impuissance à faire
face à une montagne de tâches à accomplir.
La sous-charge de travail peut apparaître comme moins difficile à
vivre et pourtant, nous sommes confrontés depuis quelques
mois à de plus en plus de demandes d’entreprises pour accompagner
des salariés en difficulté dans un contexte tel que celui-là.
En quoi la sous-charge de travail peut-elle devenir
synonyme de souffrance ?
La sous-charge de travail génère une situation très inconfortable
pour les salariés qui la vivent. Ils sont remis en question dans
leur identité professionnelle avec une problématique de sens du
travail « quelle est ma valeur ? » « en quoi
suis-je utile ? » ou « je suis payé à ne
rien faire ».
Ce ressenti est d’autant plus difficile à vivre que le salarié
pressent que s’il y a sous-charge, il y a difficulté économique
entraînant des perspectives de restructuration à plus ou moins
long terme. C’est alors l’incertitude quant à son avenir qui
vient s’ajouter aux difficultés.
Concrètement, pouvez-vous nous citer des exemples de
missions sur lesquelles vous avez été amenés à travailler pour
aider des salariés confrontés à une situation de
sous-charge ?
Oui, par exemple, très récemment, nous avons été appelés par une
entreprise pour laquelle des mesures de chômage partiel vont très
certainement être mises en place en 2013. Par le passé, ces
mesures ont malheureusement eu un impact direct sur les
collaborateurs et l’entreprise a dû faire face à deux cas de
suicide. Aujourd’hui, l’entreprise ne veut plus être confrontée à
ces situations dramatiques.
Autre exemple, dans une entreprise qui devrait mettre en place un
PSE à l’horizon 2014… les salariés, qu’ils partent ou qu’ils
restent, ressentent une réelle inquiétude quant à leur avenir et
un sentiment très fort d’injustice et de dévalorisation
professionnelle, d’où la nécessité urgente de mettre en œuvre des
mesures d’accompagnement.
Quelles sont les solutions préconisées dans ces
situations ?
Il est nécessaire d’associer plusieurs approches et de mobiliser
tous les acteurs clés de la prévention de la santé.
En premier lieu, il faut agir rapidement afin « d’éteindre
le feu ». Mettre en place un dispositif d’écoute et de
soutien sur le lieu de travail permet aux collaborateurs en
souffrance d’exprimer leur ressenti et leurs difficultés. La
sensibilisation et la formation de la direction, des IRP, des
managers, voire de l’ensemble des collaborateurs, à la prévention
des risques psychosociaux représentent, quant à elles,
l’opportunité de rassembler les forces vives de l’entreprise
autour d’un projet commun : la prévention de la santé
mentale au travail. Des ateliers collectifs vont aussi permettre
des échanges entre pairs et par la même, encore une fois,
favoriser le soutien…
En second lieu et de manière plus profonde, il faut travailler
sur les sources des difficultés identifiées afin de permettre à
l’entreprise de mettre rapidement en œuvre des actions concrètes.
C’est une étape primordiale qui va permettre aux collaborateurs
de maintenir la confiance déjà mise à mal qu’ils ont de leur
entreprise, compte tenu du contexte de réorganisation qu’ils
vivent.
Enfin, il faut rester humble face à ces situations difficiles que
vivent tant les entreprises que les collaborateurs… notre petit
travail de « fourmi » a au moins le mérite d’essayer de
mettre tout le monde en action et dans la même direction en
fonction des difficultés et contraintes de chacun.
En savoir plus
- Site internet de TOIT DE SOI
- La charge de travail, une bombe à retardement programmée – Cercle Les Echos, février 2013
- Étude exploratoire des facteurs de la charge de travail ayant un impact sur la santé et la sécurité – IRSST, 2010