En quoi consiste l’étude menée par l’IDET ? Qu’est-ce qui
a motivé sa réalisation ?
Cette étude est la suite de celle que nous avions menée en 2018,
concentrée sur les services aux environnements de travail
réalisés par des prestataires de services (nettoyage, sécurité,
accueil, propreté, ndlr). Avec les données de 2023, nous voulions
compléter la première partie avec les services réalisés par des
équipes internalisées dans les entreprises. Nous voulions avoir
une approche globale de la filière, la quantifier en termes
d’emploi et de chiffres d’affaires. Cette étude a été commandée
par l’IDET mais aussi par un certain nombre de syndicats et
fédérations qui représentent les acteurs de ce secteur.
Quels sont les chiffres marquants extraits de cette 2e
étude ?
Notre deuxième version nous donne une idée claire de ce que
représente cette filière au niveau français. Elle représente 2,6
millions d’emplois, dont 1,2 million chez les prestataires de
services et 1,4 million internalisés au sein des entreprises, des
collectivités territoriales ou des spécialistes de la santé. Le
chiffre d’affaires reconstitué atteint 154 milliards d’euros
(réparti de la même façon : 74 milliards - 80 milliards,
ndlr). Mais surtout, cette filière est composée de 20
millions d’actifs, alors que la population française active
totale est de 27,1 millions, soit 75 %.
Quelle conclusion tirez-vous de cette étude
?
Nous pouvons désormais prendre la pleine mesure de l’enjeu. Cette
filière engrange un chiffre d’affaires similaire à celui de
l’automobile ou du luxe. On ne le soupçonne pas forcément. C’est
une filière importante en terme économique et surtout en termes
d’emploi car ce sont des activités à forte dimension humaine.
Pourtant, les services aux environnements de travail, en tant que
filière, ne sont pas très connus du grand public. Cette étude est
une première étape qui doit les rendre plus visibles. La filière
représente une importance économique forte en France et devient
le symbole des nouveaux enjeux qui touchent le monde
professionnel.
Constatez-vous des revendications et aspirations dans
cette filière concernant les conditions de travail ?
Au delà des chiffres, le modèle de l’externalisation (souvent
privilégié par les grands groupes), tend à être utilisé aussi
notamment dans les collectivités territoriales (qui autrefois
internalisaient). Les évolutions ou aspirations sont nombreuses
et variées. Il y a une importance accrue de la rémunération par
exemple, très bien illustrée par les services de sécurité
employés pendant les Jeux olympiques. Les métiers se
transforment même pour les services aux environnements de
travail. Autre exemple concernant les métiers de la propreté : il
émerge une volonté de faire évoluer les contrats pour des
prestations en journée et non plus en horaires décalés. L’on
assiste à des transformations de modèles. Les nouvelles
organisations du travail concernent désormais aussi cette
filière. Avec cette étude, l’on a pu attester du poids de cette
filière et du besoin de s’en occuper. En plus des composantes
humaines qui la constituent, il s’agit d’une grande partie de la
population.